Budokan : the Martial Spirit
Support : Megadrive
Existe également sur MSDOS, AMiga, CPC, MSX, Spectrum, C64
Editeur : Electronic Arts
Année : 1990
Au début de mes années collège, le PC et la Playstation (la Nintendo 64 aussi d'ailleurs, et la Saturn aussi, mais là ça devient un peu compliqué à trouver) avaient envahi les foyers depuis un bon moment, rendant complètement fous les gamins fans de jeux vidéo. En tout cas encore plus fous qu'avant. Mais avec l’un de mes meilleurs potes, on a aussi vécu une sorte de revival de la Mega Drive. Aux alentours de la mi-1997, alors que je l’avais déjà rangée au fond d’un placard, mon copain a voulu qu’on la ressorte, histoire qu'il la connaisse un peu mieux (chez lui on jouait à l'Atari ST, à la Game Boy et plus tard au PC) et qu'on se marre un coup. Pour l’occasion, j’ai récupéré chez mes voisins quelques jeux qu'ils ne m'avaient pas encore prêtés. Parmi eux, Mortal Kombat, qui en plus de nous avoir bien diverti, nous a effectivement tordu le bide de rire. Mais dans la pile se trouvait aussi un truc plus obscur : Budokan : The Martial Spirit.
D’emblée, j’ai reconnu le style particulier des cartouches Electronic Arts, plus grandes que les classiques, et affublées d’un petit cube jaune sur le côté. EA, pour moi ça rimait avec tueries, l’entreprise ayant publié Populous, Jungle Strike, John Madden Football, James Pond, Syndicate ou encore Theme Park… autant de jeux que j’ai adorés à des degrés divers. Plutôt en confiance, donc, j’ai allumé la console ce jour-là et euh… comment on dit qu'on a déchanté, mais en mille fois plus vulgaire ?
Une fois l’intro et son scénario bidon passés (un maître en arts-martiaux recrute un gars random -le joueur- en le voyant se battre dans la rue pour en faire un champion du monde), on peut enfin entrer dans le vif du sujet. De toute façon, on ne comprenait rien à l’anglais, alors que l’histoire soit cool ou pas, on s’en carrait pas mal. Le vif du sujet, donc : un décor tenant sur un seul écran, représentant différents dojos dans lesquels on s’entraîne aux quatre disciplines représentées dans le jeu (Kendo, Nunchaku, et je sais plus quoi d’autre). Dire que les graphismes ont mal vieilli relève du plus gros euphémisme de l'histoire vidéoludique, mais j’avais déjà subi bien pire sur cette console, donc j’ai supporté. Alors on entre dans une pièce pour faire face à un adversaire, et un duel commence. Cool !
Bon, on galère à faire bouger le perso et à donner des coups, mais ça doit venir de notre manque de pratique. Au bout d’une heure à persévérer, on se rend quand même à l’évidence. Il y a un gros problème de réactivité là-dedans. Durant l’âge d’or des machines 16-bits, on pouvait prendre en main tous les jeux en trois coups de manette. Dans Budokan, peu importe le temps passé dessus, rien à faire. Le personnage répond trop tard, voire pas du tout, et effectue des moves qu’on n’a pas demandés ; à moins qu’on n’ait juste rien compris à la manière de jouer. Nan mais il faut le voir pour le croire ! On tente de diriger une espèce de cyborg débile programmé pour faire l'inverse des ordres reçus, j'ai vraiment eu cette impression. Un petit tour du côté des critiques écrites par d’autres personnes m’a appris plus tard que le souci ne venait pas de nous. Bonne nouvelle pour notre santé mentale. Pour le jeu, un peu moins.
D’accord, graphismes les plus nuls du monde, contrôles les plus mal foutus de l’univers. Il y a bien un petit quelque chose à se mettre sous la dent, non ? Que dalle ! On n'a rien d'autre à faire que participer au championnat, taper dix adversaires et voilà. Ouh lou lou ! On s’emmerde ferme ! Notre maître l’annonce d’ailleurs durant l’intro, en disant que s’entraîner, ça peut paraître chiant, mais il faut dépasser ce stade ou je sais pas quoi. Ouais, nous on s’en fout, on veut juste s'amuser en fait. On ne peut pas ? Purée, le jeu lui-même ne croit pas à son propre potentiel d'entertainment. Enchaîner les sessions de pratique pour peaufiner des techniques impossibles à caser lors des fights officiels, quel intérêt au final ? Notre avatar censé se battre comme un ouf, réagit comme un bout de parpaing au fond de l’océan, ce qui rend le mode versus encore plus indigeste (ou hilarant, au choix). Pour un projet qui se veut simulation réaliste d’arts-martiaux, ça la fout mal. Et même si c’est heureusement pareil du côté des adversaires, ça ne rend pas l’expérience moins affreuse pour autant. Avec mon pote, on l’a relancé quelques fois juste pour se bidonner sur la nullité du truc et imiter les cris pathétiques des combattants. À part ça, rien à en tirer, pas même la musique qui fait assez mal aux oreilles. Le même gars avait composé la musique d’intro de Populous, et ça se reconnaît assez vite, pas pour le meilleur.
Le jeu a reçu de plutôt bonnes notes à sa sortie, ce qui m’étonne à fond. Gen4 lui a même collé un 94%, mais ça sort d’où ? Comprends pas. Même en 1990, comprends vraiment pas. Bref, j’ai rendu la cartouche à mes voisins assez vite, pour une fois. Vraiment, j’ai détesté ce jeu, même étant gamin, malgré mes tendances plutôt très très bon public. Pourtant, j’en ai testé des trucs nazes, mais là, ça détrône tout. Dans le genre arts-martiaux, on a bien plus kiffé avec International Karaté + sur Atari ST par exemple. Et dans le style on n'a rien à faire mais on profite quand même de l'expérience, bah Populous s'en sort avec brio, justement. Allez, sans rancune les mecs d'EA. Vous avez de bien plus grosses galères à gérer aujourd'hui.