[TEST RETROGAMING] Teenage Mutant Ninja Turtles: Tournament Fighters / Nes
Teenage Mutant Ninja Turtles: Tournament Fighters
Support : NES
Existe aussi sur : Super Nintendo, MegaDrive
Sortie : Début 1994
Après avoir exploré le beat’em all, Konami lâche ses célèbres tortues dans l’arène de la castagne. Etonnamment, elles feront aussi un détour par la case 8 bits…
Véritable emblème de la pop culture à la fin des années 80 et au début des années 90, Les Tortues Ninja ont vu leur popularité exploser, en grande partie grâce à un dessin animé qui a transformé un comics indépendant et sombre en phénomène grand public. Évidemment, l’industrie du jeu vidéo n’a pas tardé à s’engouffrer dans la vague…
NES et les Tortues : l’étrange romance
Contre toute attente, c’est Konami qui hérite de la licence et lance, dès 1989, Teenage Mutant Hero Turtles sur NES. Malgré une jaquette reprenant les codes du comics originel et une difficulté parfois rédhibitoire, le jeu devient un HIT absolu… du moins en termes de ventes. Bien aidé par Nintendo, qui l’associe à sa console pour les besoins d’un pack spécial. Au final, le jeu s’écoulera à pas moins de 4 millions d’exemplaires !
Dans la foulée, deux autres beat’em all viendront enrichir l’expérience : Teenage Mutant Hero Turtles II: The Arcade Game et Teenage Mutant Ninja Turtles III: The Manhattan Project. Mais pour une raison obscure, ce troisième opus ne sortira jamais sur les NES européennes, malgré son annonce dans plusieurs catalogues de jouets. Après avoir largement exploité les tortues dans le même registre, Konami décide de relever un nouveau défi : le jeu de combat ! Et si les consoles 16 bits semble la voie la plus adaptée, la NES aura tout de même droit à son adaptation. Mais là encore, le choix de distribution intrigue : absent des plannings de sortie de la Famicom, le soft connaîtra une diffusion discrète aux États-Unis et presque clandestine en Europe, où il sera largement ignoré par la presse.
Pizza, tomates, oignons
À l’arrivée, malgré les limitations techniques de la NES, le titre se veut généreux : un mode histoire, un mode versus contre l’ordinateur ou un autre joueur, ainsi qu’un mode tournoi, en plus de quelques options standards… dont un mode turbo plutôt performant. En résumé, la même offre que sur 16 bits !
Néanmoins, la grande différence avec les versions SNES et Mega Drive réside dans le nombre de personnages jouables : seulement sept sur NES…contre dix (au départ) sur 16 bits. Ainsi, nous retrouvons bien sûr les quatre tortues, mais aussi Shredder, Casey Jones et Hothead. Une sélection modeste mais honorable pour le support dont la conséquence directe est un raccourcissement des tournois et du mode histoire, dont la véritable fin ne se débloque qu’en difficulté « normal » ou « hard ».
Un gameplay efficace
Alors que quelques mois auparavant, CAPCOM sermonnait SEGA sur l’insuffisance des manettes trois boutons pour les jeux de baston, Konami fait contre mauvaise fortune bon cœur avec la manette deux boutons de la NES. Un bouton pour le coup de poing, un autre pour le coup de pied : simple et efficace.
Fait notable, c’est la première fois que les tortues se battent à mains nues. Probablement pour éviter les problèmes de sprites et de collisions douteuses, Konami a remisé les armes, compensant par des coups de poing et autres frappes spéciales propres à chaque tortue. Seul l’infâme Shredder conserve ses griffes le temps de quelques attaques.
Autre originalité : durant chaque combat, une sphère survole l’arène et délivre une « boule de pouvoir ». Le joueur qui la récupère peut alors lancer une attaque spéciale, mais attention, une seule tentative est permise ! Un petit plus qui, ajouté aux coups spéciaux, apporte un semblant de profondeur aux affrontements. Car ne nous y trompons pas : ici, pas de combos sophistiqués ni de mécaniques complexes, mais un système accessible et nerveux.
Cowabunga... ou pas ?
En ce début 1994, la NES vit ses dernières heures, et Teenage Mutant Ninja Turtles: Tournament Fighters marque le dernier jeu Konami sur la 8 bits de Nintendo. On aurait pu s’attendre à un baroud d’honneur technique, mais le studio se contente de l’essentiel. Visuellement, le jeu s’en sort honorablement, surpassant les précédents opus TMNT sur NES. Les sprites sont corrects, bien que certains détails deviennent flous lors de l’exécution de coups spéciaux. En revanche, la console peine sur certaines animations ou lors de la gestion de plusieurs éléments à l’écran, ce qui se traduit par l’apparition de quelques glitchs graphiques. Les personnages se battent dans un environnement composé de quatre petits décors : les égouts, le bateau pirate, le toit et une ruelle, qui sans être inoubliables, offrent au moins une certaine variété.
Fidèle à sa réputation, Konami parvient à proposer un gameplay étonnamment fluide, même avec la simple manette de la NES. Les habitués de Street Fighter II ne seront pas totalement dépaysés, bien que les possibilités restent plus limitées. Une autre surprise agréable réside dans la bande-son : sans atteindre les sommets du genre, elle offre des compositions entraînantes aux accents rappelant Mortal Kombat.
Le titre s’en sort avec les honneurs, d’autant plus qu’il explore un genre quasiment absent sur la console. Avec Dragon Ball Z : Gekitou Tenkaichi Budoukai, la NES n’a eu qu’un avant-goût du jeu de combat, mais cette tentative prouve qu’avec un peu d’ingéniosité, même une machine techniquement modeste peut proposer une expérience convaincante. Certes, le roster est réduit et les mécaniques de jeu manquent de profondeur face aux cadors de l’arcade, mais l’effort de Konami mérite d’être salué : le studio démontre une fois de plus son savoir-faire en repoussant les limites du support.
Au final, TMNT: Tournament Fighters sur NES est une curiosité. Si on tient compte des limites inhérentes à la NES, il demeure un jeu de combat honnête, fluide et accessible. Certes, il n’a pas l’envergure de ses homologues 16 bits, mais pour un dernier tour de piste des tortues sur NES, il assure l’essentiel. Un jeu de baston improbable, mais pas dénué de charme.