[EDITO] Codemasters ne connait rien à la F1
Ou bien a fait avec les moyens du bord, ou bien s'en fout, mais alors il ne fallait pas
jouer dans la cour des grands. Les Maîtres du Code, en effet passés Maîtres de la F1 vidéoludique faute de concurrence, inondent actuellement la sphère internaute de vidéos montrant à quel point
le tout dernier opus défoncera jusqu'à son prédécesseur 2012. Et bon sang, c'est vrai que c'est beau, même si ça tourne sur un PC dernier cri ultra-overclocké/watercoolé que Bill Gates lui-même
ne peut probablement même pas se payer, et d'ailleurs j'attends en ricanant un peu les versions 360 et PS3. Mais, en plus, Codemasters se fend DU fan-service absolu en ces temps rétrogrades:
l'addition de pilotes, voitures, et circuits "Classiques" (comprendre "faisandés").
Ok les gars, vous pouvez balancer GP Legend aux ordures, la relève est assurée. Enfin, non, gardez-le encore un peu, puisque l'époque
"classique" envisagée ici s'étend des années 80 et 90, et là, GP Legend ne s'y aventure pas tellement. 80 et 90, donc, et pas avant, pour des raisons de "négociations". Notez
bien, nous allons y revenir.
Pour le pack des années 80, c'est un feu d'artifice, mes amis, puisque montent au front pour vous en mettre plein la
vue: Emerson Fittipaldi, Mario Andretti, Nigel Mansell et Gerhard Berger!
Toussotements, silence gêné chez les fans de F1. Alors, oui, Berger, Mansell je ne dis pas, mais Fittipaldi, en bon pilote des années
80, a pris sa retraite de pilote F1 en... 1980. Andretti, quant à lui, a certes poussé l'effort jusqu'en 82, mais n'était déjà plus que l'ombre de lui-même dans cette discipline depuis la fin des
70's (on m'objectera un interim spectaculaire pour trois courses en 1982, mais ça ne pèse pas grand chose en comparaison). Dois-je préciser que dans ce pack nous sera offerte la possibilité de
rouler sur une Lotus 72d, une F1 de 19...72?
Bon, allez allez, jetons-nous avidement sur le pack "années 90", que nous proposez-vous, chers Maîtres, vite, je n'y
tiens plus? Eh bien voici: Eddie Irvine, David Coulthard, Jacques Villeneuve, et... Alain Prost.
Soit, pour les trois premiers: trois pilotes de second rang (respectables mais de second rang), dont deux furent incapables d'emporter
un titre avec des voitures supérieures, et le dernier ayant failli rater ce même titre avec une fusée à quatre roues.
Quant à Alain Prost, qui n'a piloté en F1 qu'en 90, 91 (et encore pas jusqu'au bout) et 93, Stephen Hood, directeur artistique du jeu,
nous tient à peu près ce langage :
"Nous avons mis Alain Prost dans une Williams 1993 plutôt que dans une McLaren car c'est dans cette monoplace qu'il a le plus marqué
son époque"
Explosion de rire chez les connaisseurs. A ce niveau de bullshit on appelle ça du talent. Pour les non-initiés (à qui je n'en veux pas,
hein), cela revient à peu près à déclarer: "Nous avons mis Beckham au PSG dans l'édition "Classic" de FIFA, puisque c'est dans cette équipe qu'il a le plus marqué son époque." Faut quand même
avoir du souffle, hein, pour balancer ça sans sourciller.
Non, Alain Prost n'est pas un pilote des années 90, Alain Prost est un pilote des années 80, Alain Prost EST la F1 des années 80: c'est
dans ces années-là qu'il a pratiquement inventé à lui tout seul le pilote d'aujourd'hui, capricieux, froid, calculateur, paranoïaque et à la mauvaise foi chevillée au corps, et c'est bien là son
génie. En 1993, il avait 38 ans, revenait coude à la portière, au volant d'une machine de guerre invulnérable.
Bref, tout ce laïus de fanboy pour fustiger ce faux-cadeau de Codemasters, qui ne participe qu'à nous faire regretter le temps
où, certes, on s'asseyait sur le réalisme, mais où l'on avait l'assurance de pouvoir, au moins, s'offrir du rêve en incarnant, que sais-je, Albin Prest sur sa McFarine, Nicol Mansille sur
Willis-Renard, autant de détournements qui ne savaient pas mentir, au contraire de ceux qui veulent nous faire croire que tout est d'époque dans leur jeu, jusqu'au poils de cul des
mécaniciens.