...it played with your ass !"
Les plus gros sites dédiés au jeu vidéo s'en font l'écho, mais se refusent à tout commentaire ("ne scions pas la branche sur
laquelle nous sommes assis"), les chiffres viennent de tomber: FIFA vient de démolir le postérieur offert de 3,2 millions de victimes consentantes, c'est un démarrage sans précédent pour un jeu
de sport.
3,2 millions, les gars (et les filles, bien sûr).
Alors, vous n'êtes pas sans le savoir, mais FIFA est un jeu qui, comme le Beaujolais, sort chaque année. L'analogie phonétique est trop tentante, FIFA est un beau "je l'ai".
Je veux dire par là qu'il est urgent de se demander si l'intérêt de l'achat de ce jeu est bien basé sur sa qualité, ou sur une sorte
d'impulsion-reflexe Pavlovienne acquise sous la matraque médiatique. Il sort, eh bien il faut l'avoir, point. Parce que, tout de même, cette affaire dure depuis 1993. 70 euros (ou équivalent en
francs) tous les ans, songez-y, autant dire que l'on loue le jeu pour une durée de un an.
Si l'on y réfléchit, qu'est-ce qui sépare un FIFA de son successeur? Quelques babioles liées au moteur du jeu, et, surtout, les équipes et les joueurs sont actualisés.
Donc, il s'agit de s'interroger au plus vite sur la "philosophie" de FIFA, sur l'état d'esprit qui habite ses développeurs.
Puisque le jeu sort chaque année, cela signifie que ces derniers disposent de moins d'un an pour mettre au point un jeu qui
tienne jusqu'à l'année prochaine, puisque EA est d'une précision cyclique absolue de ce point de vue.
Non pas un jeu qui demeure, et dont on se souviendra des années durant, non, pas un jeu en guise de pierre angulaire qui conserve une place dans l'Histoire du vidéoludisme. Non. Un jeu qui,
vaille que vaille, "fasse l'affaire". Voilà la philosophie des développeurs, voilà leur cahier des charges. Je ne les blâme pas personnellement, il faut bien manger, et il est bien pire sinécure que d'être payé à programmer un jeu vidéo, et puis ils font
ce qu'on leur dit.
Ceci pose également le problème des jeux sous licence, notamment avec une fédération sportive.
En effet, lorsqu'il n'était pas encore question pour un éditeur d'obtenir le droit (qui se paye une fortune) d'utiliser les noms de
tous les joueurs, il n'y avait pas à craindre (en tout cas beaucoup moins) de voir son travail rendu obsolète par l'actualité réelle de ce sport, puisque son intérêt était basé sur son concept,
sa vision, même décalée (Kick-Off). L'ambition était alors une quête d'absolu: réaliser le meilleur jeu (de football par exemple) du monde, réaliser une référence, marquer les esprits.
Le conditionnement dont nous sommes victimes (souvent consentantes, encore une fois) est en lien très fort avec l'actualisation des
bases de données, puisque, à l'image de notre société toute entière qui file d'un buzz à l'autre, notre concentration est facilement diluée: il faut la retenir avec du concret, et du neuf. Voici donc les
principales qualités de chaque nouveau FIFA: il est là, et il est neuf, actualisé, à jour.
Preuve en est l'incroyable rapidité avec laquelle ces jeux perdent de leur valeur pécuniaire. Les vide-greniers, les bacs à soldes,
grouillent de parfois très bons exemplaires de FIFA, mais des exemplaires qui ont le culot de placer tel ou tel joueur dans une équipe qu'il a quittée il y a un, deux ans de cela. Rédhibitoire
dans un monde où il s'agit d'être à la pointe, quel qu'en soit le prix et la réelle valeur ajoutée.
Ouais_Supère
NB: je me suis servi de l'exemple de FIFA pour ce qu'il a d'édifiant, mais vous aurez compris qu'il n'est justement qu'un exemple d'un
phénomène plus large.