[RETROGAMING] Cadash / Arcade
Titre : Cadash
Editeur : Taito
Genre : Action / Rpg
Plateforme : Arcade
Nombre de joueurs : 1 et 2 sur une pcb et jusqu'a 4 avec 2 pcb en link
Année : 1989
*lance les dés*
La porte grince alors que le guerrier pousse la clenche et révèle une pièce bien sombre éclairée par les lueurs tremblantes des torches notre compagnie. C’est à ce moment que les yeux de l’elfe aperçurent sur une table poussiéreuse une vieille PCB.
Après avoir fait un jet de détection de pièges *relance les dés*, notre compagnie s’approche de l’artefact mystérieux et le mage, après avoir ôté des siècles de poussières d’un geste vigoureux de sa manche, tente de déchiffrer les runes gravés sur le mystérieux objet : « Taito Cadash jamma pcb »
(fin de la parenthèse rôlistique)
Cadash est un cas quasi unique dans l’histoire des jeux d’arcade. Un jeu d’arcade est destiné à être joué vite, être court et à rapporter de l’argent à l’exploitant. Hors un jeu de rôle, c’est long, c’est lent, il faut gagner des niveaux, faire du bashing… Comment adapter un genre à succès en 1989 dans les salles d’arcade ? Taito à tenté de relever le défi, voici comment !
Feuille de personnage
Cadash c’est surtout, argument principal de Taito pour les exploitants, un jeu à quatre joueurs. Oui oui, vous avez bien lu ; bien après Gauntlet et bien avant Phantasy star online ou Monster Hunter, Cadash propose à 4 joueurs humains de vivre des aventures communes. Cela requiert 2 bornes et 2 pcb du jeu, ainsi qu’un câble link… ça fait rêver !
Pour les curieux,sachez qu'il existe de révisions de la PCB, la 1st run qui comprend un connecteur N et permet le link. Une seconde révision sortira plus tard mais amoindrie en composant et sans connecteur N, ne permettant qu'un jeu à 1 ou 2 joueurs.
ici à gauche la "1st run" et à droite une révision ultérieure. notez les différences dans l’encadré rouge juste en dessous du 68000
Petit aparté technique, voici le pinout du cable-link et ou-qu'il-se-branche :
pinout :
1-3
2-4
3-1
4-2
5-7
6-8
7-5
8-6
et branchement :
Ensuite autre argument, le titre propose 4 personnages différents à jouer, chacun ayant ses propres attributs qui changent totalement le gameplay. Par ordre décroissant du plus simple au plus difficile nous avons la prêtresse, le mage, le ninja et le guerrier. (vous noterez qu'un bon jeu sans Ninja n'est pas un bon jeu)
Le jeu est tout à fait faisable en 1 pièce avec la prêtresse et le mage (et avec le ninja) mais oubliez le guerrier finalement bien faiblart et trop close combat, qui "levele" mal en plus :/
On retrouve bien une patte « rpg » sans que le jeu soit « lent » et « incompatible avec l’arcade ». Le joueur peut monter de niveau et d’XP, acheter de meilleurs armes et armures, "leecher" les ennemis pour gagner des niveaux, utiliser de la magie et des items, etc… Taito à bien vu, et pour pousser le joueur à ne pas trop trainer, un timer bien visible en haut de l’écran pousse le joueur plus en avant.
A chaque nouveau niveau ou checkpoint, du temps additionnel est ajouté. Les niveaux sont aussi assez linéaires pour ce type de jeu, mais nécessitent quand même un peu de mémoire afin d’éviter de se perdre dans les couloirs. Le chrono tourne et l’on se sent délicieusement perdu la première fois que l’on découvre le titre, entre les différentes maisons, les PNJ, les 3 types de magasins différents (auberge, armes et armures, et magasin de potions).
On peut discuter avec les PNJ et ils vous apportent souvent des indices qui dirigeront la suite votre aventure. Quelques va-et-vients scénarisés font lorgner le jeu plus du coté des rpg classiques que du classique jeu de plateforme à scrolling.
Il y a aussi dans le décor des items cachés.
Gameplay
La prise en main est simple, un bouton est dédié à l’utilisation de l’arme / dialoguer avec les PNJ / utiliser la magie et les items en maintenant enfoncé. L’autre bouton est dédié au saut. Le jeu est un peu raide par moment et l’on sent que c’est encore un peu « castelvaniesque » par moment.
Le masque de collision du joueur est massif et le personnage est constamment « éjecté » en arrière quand il subit des dégâts. Les armes sont utilisables vers le haut, le bas et les diagonales en fonction de la classe incarnée, mais les ennemis sont retords et vous pesterez souvent contre les attaques en diagonales des guêpes et les tirs assassins des arbres-monstres.
On sent que ce titre est un labo expérimental et que les ingénieurs et programmeurs de Taito on délaissé un gameplay tout en somme classique sans l’améliorer pour plutôt se consacrer aux graphismes et à l’ambiance du titre. Néanmoins avec de bons réflexes et un personnage adapté aux situations, le jeu est quand même étrangement jouable et équilibré, pour peu que le joueur monte un peu en niveau et évite de jouer avec le guerrier (pire que tout ce guerrier…)
il va falloir user le timer sur certains ennemis (les hommes pierre par exemple) et faire des petits allers-retours pour monter un peu de niveau. trop attendre et c'est time over. trop rusher et c'est la mort.
Graphismes
Cadash est très beau pour son âge, les sprites sont immenses pour 1989. L’introduction avec scroling en parallaxe des 4 héros au sommet d’une tour déboite la mâchoire et donne bien envie de partir à l’aventure. Les maisons sont détaillées, les décors variés, et surtout la ou Taito fait fort, c’est dans la variété du bestiaire. Vous allez avoir un échantillon varié de monstres traditionnels à combattre. En plus le jeu pousse en avant la curiosité des joueurs en changeant d’ennemi tous les 10 mètres !
Vous allez trancher du monstre porcin, du blob/slime, des squelettes, des guêpes, des trolls, des golems de pierre, des crapauds, des chauves souris, des créatures marines, des araignées, des zombis, des manticores, des harpies, des faucheuses, des dragons, etc…
En plus de nombreux éléments du décor sont là pour vous piéger (mains de pierre, globes oculaires géants, statues de pierres avec masses d’armes rotatives), ce n’est pas au niveau du contenu que l’on pourra se plaindre, le titre est opulent comme un bestiaire de livre de jeu de rôle papier. Le tout est coloré et vivant et apporte beaucoup !
En plus chaque niveau est parsemé de Boss et de sous boss, gros et vifs, qui accélèrent encore le jeu et poussent encore plus le joueur en avant, vers encore plus de bashing, de leveling, d’achats d’armes, de potions…
Histoire et scénario
Très classique et linéaire, l’histoire est sans surprise, je pense que Taito à voulu garder un certain rythme en gardant un trame simple. Une princesse à sauver, un grand sorcier méchant, un tout petit coup de théâtre à la fin, le scénario reste traditionnel pour de l’héroic fantasy. Comptez quand même une bonne heure pour finir Cadash et arpenter ses cinq niveaux, le jeu est court mais un sentiment de satisfaction et l’impression d’avoir parcouru du pays comblera et captivera ceux qui se seront essayé au titre.
La bande son est correcte, rythmée et entrainante, sans pour autant être culte. Les effets sonores sont sympas et ponctuent les diverses actions du jeu, que ce soit la magie comme les combats.
Les +
- prenant et fascinant
- un genre pas habituel dans les salles d’arcade
- le coté RPG respecté, avec les points d’XP et les niveaux
- des couloirs quelquefois tortueux. quelques beaux raccourcis
- de beaux graphismes colorés avec de gros sprites
- le jeu à 4 avec des potes !
- bonne replay value grâce à 4 persos différents
- une bonne variété des ennemis, de pnj, d’objets, de décors
- les passages secrets
- les objets cachés
- le 1cc, faisable pour une fois !
Les –
- un gameplay un peu raide et ancien par moment, que ce soit sur les sauts ou les dégâts
-un 3ème bouton pour la magie, ça aurai été tellement plus simple ! non il fallait rester sur 2 boutons...
- le chrono un poil oppressant qui sape le travail de lecture des dialogues et le shopping
- trop linéaire. Quelques quêtes annexes ou plus d’embranchements auraient permis au joueur de moins se sentir ficelé…
- trop court ?
- le jeu à 4 entaché par 2 défauts : 1 écran pour 2 joueurs et l’obligation de prendre chacun un perso différent
- une traduction à mourir de rire, en anglais et surtout en français…
Le jeu a été adapté sur Megadrive et PCEngine. Oubliez la version MD, il y’a deux persos en moins. La version PCE quand à elle est bien plus complète et plus dure ( !!) que la version arcade (mais moins jolie évidement). A découvrir absolument si vous avez apprécié la version arcade, le contenu est plus fourni au niveau des stats mais bien hardcore (pas de continue !)…
Conclusion
Cadash est un titre étrange, une tentative d’adaptation d’un RPG dans le monde ultra rapide de l’arcade. Taito rends une bonne copie avec un univers sympathique, un gameplay action-plateforme et exploration maitrisé. Les codes du genre sont respectés (univers, XP, niveaux, pièces d’or et équipement, différentes classes de personnage…) tout en évitant un jeu ennuyeux et statique.
C’est un titre que j’affectionne, malgré certains petits défauts de jeunesse, de raideur et un manque de profondeur et de quêtes annexes. J’y reviens souvent car malgré tout il possède une courbe de progression/leveling homogène et est tout à fait one-créditable.
Cadash c'est très linéaire si l'on vient du monde de la console, c’est un peu cher et un peu creux, mais ça reste un petit plaisir de temps en temps. Mais gageons que le trip ultime doit rester de réussir à réunir 2 bornes, 2 pcb et 4 joueurs une belle soirée d’été pour se replonger dans un délire « Dungeons & Dragons années 80 ». Bref, un classique à (re)découvrir.
SUPPOS : 5/6