[RETROGAMING] Defenders of Oasis / Game Gear
Éditeur : Sega
Développeur : Sega
Nombre de joueurs : un joueur
Genre : RPG
Sortie : 1992
Le fan de RPG qui possède uniquement une Game Gear n'a pas grand chose à se mettre sous la dent : un mauvais Ax Battler, un excellent Wonder Boy 3, ou des Shining Force japonais, la liste n'est pas bien longue. Et un jour au détour d'un catalogue maintes fois relu, j'ai découvert Defenders of Oasis. J'ignorais s'il était bon ou mauvais : il me fallait un RPG et donc il me le fallait ! Las, nous étions en 1996 et le jeu était sorti 4 ans auparavant : il avait depuis longtemps déserté les rayonnages des magasins. C'est finalement en mai 1997 qu'un ami m'a passé un coup de fil : il venait de le voir en occasion et me demandait si je le voulais toujours. Loué soit-il.
Au temps jadis, les forces du bien et du mal s'affrontaient avec fracas. Le monde était terrorisé par le sorcier Ahriman. Jusqu'au jour où vint Jamseed. Avec l'aide des trois anneaux que lui avait donnés le sorcier de lumière, Jamseed parvint à sceller les pouvoirs du maléfique. Hélas les réjouissances furent de courte durée car Ahriman envoya son serviteur Zahhark contre le royaume de Shanadar, que Jamseed venait de fonder. Le héros succomba et les ténèbres revinrent pour 1000 ans, jusqu'à ce qu'un homme appelé Fallidoon ne tue Zahahrk et restaure la paix. Hélas, les jours sombres étaient sur le point de reparaître, car un empire maléfique se lèvait et l'ombre s’apprêtait à nouveau à tomber sur le royaume de Shanadar.
Voici ce que nous apprend l'introduction du jeu : un scénario désormais classique si ce n'est cliché, mais qui permet de poser le cadre. Et comme les images illustrant cette histoire sont agréables à l’œil, on ne va pas faire la fine bouche.
Dans Defenders of Oasis, vous incarnez le prince du royaume de Shanadar. Après un réveil un peu difficile, votre père vous informe de la venue d'une princesse originaire d'un royaume ami, Mahamood, et vous demande d'aller l’accueillir au port. Après une explications avec quelques malandrins, le prince escorte la princesse jusqu'au palais où elle prend une nuit de repos. C'est alors que le drame survient.
Defenders of Oasis est un RPG en vue du dessus. Il se démarque toutefois des productions habituelles par son ambiance inspirée des Milles Et Une Nuits et du zoroastrisme : dans cette religion, Ahriman est l'esprit maléfique qui s'oppose à l'esprit du bien, Ahura Mazda. Il en résulte un dépaysement très agréable qui nous change des sempiternels chevaliers et châteaux forts.
Qui dit RPG dit combats et XP. Les combats se déclenchent au hasard lors de la marche, ou en avançant vers les boss. Ils se font au tour par tour, en fonction de la rapidité des combattants : un personnage lent ne pourra intervenir aussi souvent qu'un autre plus rapide. Attention au début donc, car on peut se faire déborder et mourir si le héros n'a pas encore accumulé quelques niveaux.
Attention aussi aux empoisonnements. Dans les autres jeux, un empoisonnement vous fait perdre de la vie jusqu'à arriver à un point. Dans Defenders of Oasis, un empoisonnement ne fait perdre aucun HP pendant qu'il agit, mais vous verrez des messages vous disant que votre personnage ressent l'effet du poison, puis qu'il le ressent fortement. Attention ! Car si vous ne faites rien à ce stade, le personnage va succomber aux effets et mourir. Gardez toujours dans votre inventaire un stock de "Snake act", afin d'éviter ces situation désastreuses.
Seul au début de sa quête, le prince va trouver rapidement un premier allié avec le génie de la lampe entreposée dans la salle au trésor du palais. Par la suite, vous rencontrerez deux autres compagnons : Saleem le marin, et Agmar le voleur.
Chaque personnage a ses spécificités :
- le prince est fort mais lent et est le seul à pouvoir utiliser la commande de fuite, "Run".
- Saleem est moins fort mais dispose de beaucoup d'endurance. Il a également une commande qui lui permet d'effectuer une danse de la mort, qui frappe tous les ennemis.
- Agmar est le plus fort et le plus rapide mais également le plus fragile. sa capacité est tout d'abord de se cacher. Dans cet état, il est indétectable et ne peut être atteint. A partir du tour suivant, il dispose de la commande "Assault" qui permet de sortir des ombres pour porter un coup très violent.
Le génie est un cas à part : il est le seul à disposer de la magie. De plus, comme il n'est pas humain, il ne peut pas apprendre par l'expérience et donc ne gagnera pas de niveau comme les trois autres compagnons. La seule façon de le faire progresser est d'utiliser divers objets sur la lampe, comme le silk, afin d'augmenter ses caractéristiques. Ne vous inquiétez pas, le génie sera votre personnage le plus puissant lorsque vous le trouverez, et ce jusqu'à ce que vous ayez quelques niveaux supplémentaires. On notera au passage que le génie ne peut pas être empoisonné : vous allez l'aimer.
Le génie débute avec trois sorts : un sort de soin, un sort de guérison du poison, et un autre qui vous sera vital contre le premier boss. Dans Defenders of Oasis, les sorts ne se gagnent pas en montant de niveau (le génie ne peut pas en gagner, de toute façon), mais en les lisant. Après avoir trouvé le miroir magique, il sera possible de lire les inscriptions écrites sur les murs : certaines sont des indices, d'autres vous permettent de vous reposer, mais d'autres encore vous font apprendre de nouveaux sorts. Notez qu'il n'est pas obligatoire de tous les apprendre pour finir le jeu, seule une poignée est indispensable, mais tous ont leur utilité. L'un d'eux permet de renvoyer le génie dans sa lampe en plein combat : en fonction de la durée de l'affrontement, le génie récupérera un certain nombre de points de vie et de magie.
Un dernier mot au sujet de la magie : si vous ne disposez pas du livret du jeu, cherchez une faq et notez sur papier les effets de chaque sort. Chaque pouvoir a un nom particulier aux sonorités orientales n'ayant aucun rapport avec son effet : difficile de deviner que Wofmanaf permet en fait d'augmenter la défense de l'équipe pendant un affrontement. Donc oui, notez : ce serait dommage de chercher quoi utiliser en plein milieu d'un combat contre un boss.
Le jeu est divisé cinq chapitres entrecoupés de séquences où les méchants apparaissent. Ça peut sembler un peu chiche mais la durée de vie du jeu est assez bonne et vous explorerez quelques villes et donjons avant d'avoir le fin mot de l'histoire.
Comme dans les jeux traditionnels, les villes sont l'endroit où les héros peuvent s'équiper moyennant dinars sonnants et trébuchants. Quelques objets méritent d'être mentionnés :
- le hilt : une poignée d'épée qui sert d'arme. Très peu puissante par elle-même, elle permet de créer le firenar, une arme assez sympathique si vous utilisez la F stone.
- barbado : ne s'achète pas car elle est trouvée dans un donjon au chapitre 2. Il s'agit d'une harpe qui a le pouvoir (si vous avez la chance), d'endormir vos ennemis.
Traditionnellement, les villes sont également le lieu où se trouvent un prêtre, une église ou quoi que ce soit qui permette de sauvegarder. Vous ne trouverez rien de tout ça dans Defenders of Oasis. Non, vraiment il n'existe aucun lieu ou NPC pour sauvegarder. Ni de mot de passe. La raison à cela tient dans une des autres originalités du titre : le jeu se sauvegarde automatiquement lorsque vous éteignez la console.
Et là on voit tout de suite les avantages du système. Plus de stress à chercher le prêtre le plus proche pour enfin sauvegarder nos efforts si durement produits, plus de hantise de la coupure de courant ou de la panne de piles, rien que le calme et la sérénité. Luxe, calme et points d'XP.
Passons au contrôle technique. Graphiquement, le titre s'en sort honorablement : les sprites lors des déplacement sont petits mais reconnaissables. Les choses sont plus agréables pendant les combats malgré un fond gris uniforme, voire belles pendant les séquences de narration. Je passerai sur l'animation car il n'y a rien à dire de ce coté-là. Pour la maniabilité, les commandes du jeu sont très simples : un bouton pour valider et discuter, un pour annuler. Le bouton Start permet de faire apparaître l'écran d'état.
La bande-son, de son coté, est une franche réussite et correspond très bien à l'ambiance. Le jeu dispose même de deux voix digitalisées de bonne facture. Si jamais l'envie vous prenait de vouloir égayer vos oreilles, il existe un sound-test accessible depuis l'écran titre en maintenant Haut et en appuyant sur Start.
Bilan technique très positif donc, d'autant que le jeu ne se finit pas en l'espace de quelques heures. Avant de pouvoir faire triompher les forces de la lumière, vous devrez explorer divers lieux. Un, notamment, s'avère assez amusant : la cachette des voleurs, référence directe à Ali-Baba.
La ludothèque de la Game Gear fait pâle figure à coté de la GameBoy pour ce qui est des jeux de rôle, mais Defenders of Oasis compense en bonne partie cette lacune. Sega a produit un jeu à la fois bien réalisé techniquement, original, et passionnant, à coté duquel il serait dommage de passer. Preuve s'il en fallait une, Nintendo l'a rendu disponible sur la console virtuelle, donc il est très facile à trouver. Si vous préférez le support physique de cette bonne vieille Game Gear, n'oubliez pas le livret.
SUPPOS : 5,5/6