[RETROGAMING] Solar Striker / Game Boy
SOLAR STRIKER
Support : Gameboy
Développeur : Minakuchi Engineering
Editeur : Nintendo
Sortie : 1990
Solar Striker : un shoot'm'up spatial de 1989, un des premiers jeux GB, et à l'époque le seul en vertical de la Game Boy. Produit et conçu par Gunpei Yokoi qui a donné le cahier des charges à
Minakuchi Engineering pour le codage. Au début les joueurs étaient contents de l'avoir, puis R-Type et Nemesis sont sortis et l'ont enterré. Retour sur un jeu qui fut aimé puis regardé avec
condescendance et nostalgie...
Solar Striker est souvent dénigré. C'est pas bien. C'est profondément injuste. Je n'aime pas les injustices, j'interviens. Même les
joueurs qui l'aiment sont vaches avec Solar Striker : soit il est "sympa, malgré le côté répétitif" soit il est "un jeu bien pour l'époque auquel on joue par nostalgie". L'enfer est pavé de
bonnes intentions et ces critiques qui se veulent gentilles me blessent. Solar Striker ne serait QUE ceci ou QUE cela (pas toujours mais c'est la tendance générale).
J'écris pour défendre Solar Striker sur Game Boy. J'écris pour dire qu'il faut d'abord l'insérer dans une GB Color ou GBA ou GBA SP,
afin de jouer automatiquement en mode "négatif". Il est beau.
Là, ça c'est dit. Je veux bien reconnaître que les graphismes sur la vieille GB pèchent et que le fond clair n'était pas une bonne idée
pour représenter l'espace intersidéral. Mais sur Super Game Boy SNES ou sur GBC voilà un défaut qui disparaît. Et au moins, puisqu'on n'a plus de défauts, on peut parler du jeu.
Solar Striker est un bon jeu. J'ose.
D'abord le scénario : vous êtes le pilote du Solar Striker, dernier espoir de la galaxie, blablabla tuer les aliens
blablabla super vaisseau, fight. 1 laser, puis 2 puis 3 puis des lance-flammes, c'est exponentiel mais pas original, 6 niveaux, plié en une vingtaine de minutes.
Attention : une fois fini, attendez la fin du générique, le jeu reprend en mode "difficile", les aliens tirent de partout et là c'est
bien stressant !
Scénario bidon ? Oui ! Mais l'attaque contre le scénario est veule. On ne peut pas attaquer un shoot'm'up sur son scénario. C'est le
lot de tous les shoot'm'up d'avoir un scénario/alibi qui ne trompe personne. Voilà un point litigieux qui me semble écarté d'un revers dédaigneux de ma douce main.
Les graphismes ? Allons donc ! Solar Striker est une des gloires du 8 bits ! Premièrement parce que le vaisseau
éponyme reprend un look de trimaran maintes fois éprouvé mais rajeuni - pour l'époque certes, mais qui tient toujours la route - par des courbes soigneusement étudiées. Il ne fait donc pas
"retro", parce qu'il est à la fois classique et légèrement relooké, il vieillit bien.
Deuxièmement, les vaisseaux ennemis sont simples et efficaces. C'est ce que l'on demande à un shoot. Je suis désolé, le soin apporté
aux graphismes à la Giger d'un R-Type est remarquable, et c'est un plaisir des yeux, qui ravit le joueur, mais il est tout aussi légitime de miser sur la simplicité et donc l'efficacité des
graphismes, dans la mesure où les ennemis sont voués à la destruction dès qu'ils apparaissent à l'écran.
J'ajoute que les Boss des niveaux sont travaillés, par exemple le graphisme impeccable de la forteresse du niveau 5, ou le look et les
attaques du Boss du niveau 4. Vous pourrez m'objecter qu'ils font très 80's et je vous accorde cette objection, mais en nuançant : il faut admettre que les canons (de beauté, hein, pas les
armes...) classiques des vaisseaux spaciaux sont respectés, et que les Boss et les vaisseaux de Solar Striker font référence à nombre de leurs prédécesseurs, en les synthétisant d'une façon
fulgurante dans une atmosphère "space opera" réduite à son essence.
Quand aux décors, ils symbolisent efficacement les lieux. Le niveau 5 fait de dalles ressemblant à l'intérieur d'un microprocesseur est
grandiose une fois converti en couleurs inversées sur GBC. Le niveau 1 est un vol dans l'espace intersidéral qui brille par sa simplicité, et qui suffit amplement puisque nous sommes les yeux
rivés aux aliens qui déboulent pour nous éliminer.
Le gameplay ? S'il n'y a pas pléthore d'armes, c'est tant mieux ! On blast et on vole, le débutant se rassure, le pro
s'amuse nonchalamment. Si tous les shoots devaient obligatoirement se définir par une savante combinaison d'armes, de tactiques, d'exigences stratégiques, ça se saurait. Personne n'assassine
Space Invaders en critiquant sa monotonie. Pas moi en tout cas.
Le reproche que l'on fait à Solar Striker est sa trop grande simplicité, mais cela peut aussi être considéré comme une qualité : un des
Gameplay les plus fluide et les plus efficaces jamais vu.
La musique : elle est géniale. La musique du niveau 3, une merveille... le son de la boîte à rythme est simplement
parfait, la mélodie mélancolique est à couper le souffle. L'envolée technopop du niveau 4 associée à un air plus complexe, digne d'un bon DA japonais, est un sans faute. Et au niveau 5, on a
droit à une musique militaire bien à propos puisque l'on se dirige vers le combat final. Le niveau 6 fait l'économie de la boîte à rythme, dans un track electro rapide suivi d'une angoissante
rythmique rock'n'roll devant le Boss final.
Seul bémol que je concède : avoir utilisé la même musique pour les deux premiers niveau est une paresse inexcusable. Mais ce défaut met
d'autant plus en valeur la musique du niveau 3, le changement de sonorités étant un soulagement pour les oreilles du joueur. Un mal pour un bien.
Bon, arrêtez de me lire, allez y jouer ! On trouve ce jeu en loose pour que dalle, si vous ne l'avez pas encore, il est à
acquérir d'urgence.
SUPPOS : 4,5/6
Les images utilisées pour cette critique sont des captures d'écran d'une vidéo mise en ligne sur YouTube par "Sorairoiroiro"