[RETROGAMING] Altered Beast / Megadrive
Altered Beast
Support : Megadrive
Editeur : SEGA
Sortie : 1988
Type de jeu
Sauvetage de demoiselle en détresse par un genre de spartiate ressuscité qui se prend ultra au sérieux. Un matraquage de poncifs éculés qui produit un petit miracle malgré tout.
Premier contact
Fin 1990, la Sega Megadrive intégrait le domicile maternel. La toute nouvelle console, ultra puissante, giga cool, indispensable ! Avec Altered Beast fourni dans le carton ! Trop cool ! Euh, je crois ? Heureusement pour lui en tout cas, sinon je ne crois pas que grand monde y aurait touché. Comme d’autres gamins de l’époque, mon beau-père a acheté la machine un poil trop tôt, ratant l’occasion de choper Sonic à la place. Mais est-ce vraiment une si mauvaise chose ? N’ayant rien eu pour comparer pendant plusieurs semaines, je lui ai voué un grand amour, à cet Altered Beast. Amour par défaut, mais amour quand même. À cinq ans, je vouais un grand amour à tout un tas de trucs ; et quand j’ai vu où s’arrêtaient les limites du jeu, trop tard ! Mon cerveau avait déjà subi des dommages irréversibles, j’allais être fan pour l’éternité. Avec le recul, je plains à fond ceux qui ont eu Sonic à la place, en achetant la console quelques mois plus tard (et encore plus ceux qui ont eu Sonic 2 avec la Megadrive 2). Parce que tout le monde a fini par mettre la main sur Sonic, mais peu de gens ont eu la chance de plonger dans le monde… disons “original” d’Altered Beast.
Retour sur expérience
Ce titre nous fait vivre une étrange épopée. Juste pour illustrer l'euphémisme : on incarne un bodybuilder zoomorphe en slibard qui défonce des hordes de créatures semi-mythologiques (parfois sacrément flippantes) à l’aide de ses poings, ses pieds ou divers pouvoirs plus ou moins utiles. Un bodybuilder ressuscité par Zeus, parce que pourquoi prendre quelqu’un de vivant déjà dispo, hein ? Tout ça pour aller sauver Athéna ou je ne sais plus laquelle de ses filles, qui a eu la malchance de se faire importuner dans la rue par Hadès ou un démon quelconque. Genre Zeus ne pouvait pas y aller lui-même non plus, déguisé en bouquetin ou en bourrasque de vent, tiens. Nan, ça il le fait juste pour fricoter dans tous les sens. Et genre Athéna aurait besoin d’un coup de main de la part d’un beau-gosse zombie pour tabasser ses adversaires ? C’est pas la déesse la plus badass de l’Olympe ou je sais pas quoi ? Bref, les décors n’ont aucun lien entre eux et n’ont pas beaucoup de sens en eux-mêmes non plus. Le gameplay plutôt basique, couplé à des contrôles mal calibrés et des hitbox cheloues nous ont fait perdre un paquet de parties. Mais tous ces détails, on s’en moquait à fond, tant que ça castagnait de partout. Et pour le coup, on avait de quoi faire.
Flashback spécial ambiance
Toujours du haut de mes cinq balais, je trouvais tout ce bazar assez horrifiant, mine de rien. L’approximation des graphismes n’enlevait rien à l’aspect sombre et glaque d’Altered Beast, sorte d’apologie d’un grand n’importe quoi angoissant et dépressif. Aussi classes (haha) qu’étaient ces gros bourrins massacreurs de monstres, on sentait qu’ils ne passaient pas un bon moment. Il fallait être un peu fou dans sa tête pour accepter de vivre le calvaire qu’ils s’infligeaient, princesse offerte en trophée à la fin ou non (à côté de ça, Mario il avait droit à une petite promenade de santé). Bon, on voit bien qu’ils n’avaient pas le choix au final, vu que Zeus les a ramenés du tartare pour les envoyer au casse-pipe. Sinon, je parlais des niveaux sans rapport un peu plus haut ; là non plus ça ne les empêchait pas de produire un effet anxiogène, chacun à leur manière. Des parois visqueuses d’une grotte infestée de sangsues géantes à la froideur d’un temple hanté abritant divers types de morts-vivants, on ne comptait plus les sueurs froides qui nous glaçaient le dos à chaque partie.
Réécoute de la bande-son
La musique oscille entre mélodies inspirées et envolées un peu plus regrettables (que j’admire toutes à égalité, la nostalgie aidant). À l’image du reste, on sent que le ou les gars en charge des compos ont sacrément tâtonné ! À mon avis, ils n'ont jamais réussi à dompter le processeur sonore de la console. D’ailleurs, ils ont fini par laisser tomber, les morceaux des deux derniers niveaux étant les mêmes que ceux des stages précédents. Il n’empêche que ça faisait le taf ; chaque chanson se drape d’un petit air épique aux volutes oppressantes. J’en tremble encore aujourd’hui, de dégoût ou de plaisir, je ne sais pas trop.
Moment Nostalgie
On pouvait y jouer à deux en même temps ; ma grande sœur me laissait souvent galérer deux ou trois parties tout seul, avant d’intervenir pour me filer un coup de main. Elle savait très bien que je n’arriverais jamais au bout sans son aide. Dès qu’un personnage récupérait un bonus, on imitait le bruit qu’il faisait, avant d’éclater de rire. Ça donnait un truc comme :”Hao-eh-ahp” ! En fait, le mec disait “Power Up” mais pour le comprendre, il fallait avoir un doctorat en anglais samplé 16-bits et nous, on venait tout juste de commencer nos études. Aussi, j’étais persuadé qu’une transformation secrète existait, à mi-chemin entre l’humain et l’animal garou (on dirait loup semi-garou du coup ? Ou dragon, ours ou tigre selon le niveau), ce qui fait que je tapais sur tous les boutons lors de la cinématique de métamorphose en espérant débloquer la feature en question. En fait, mes voisins m’avaient fait croire ça pour se moquer de moi (le début d'une longue série de turlupinades). Merci les gars.
Instant le plus stylé
Quand enfin on récupère les trois boules de cristal et qu’on se change en machin-garou (le tigre était mon préféré), avec une scène de transition à filer des frissons.