[Test Hardware] La Nomad de Sega
Editeur : Sega
Date de sortie : 1995 (USA)
Supports : Cartouches (512 à 4048ko)
Puissance : 16 bits (console de quatrième génération)
Nom de code : Venus
Résolution écran : 320*224
Dimensions : L 19cm ; H 10 à 10,5 cm ; P 4,5 à 5cm
Alimentation : adaptateur secteur 9 volts Genesis 2 ou 6 piles AA.
Faite un test et demandez dans un groupe de vous citer une console portable Sega. Vous aurez des réponse sérieuses citant "Game Gear", et des réponses moqueuses disant "Ouha l'autre : facile, y a que la Game Gear !". Et vous en aurez peut être qui vous diront "La Nomad". Oui, la Game Gear n'est pas la seule console portable de Sega : sortie en 1995, la Nomad a également été prévue pour partir en voyage avec vos chères (chers ?) jeux Genesis/Megadrive. Parlons donc un peu de cette bête.
Lister les dimensions c'est bien : avoir une échelle visuelle de la machine, c'est mieux. Voici donc à qui ressemble la Nomad par rapport à une Game Gear : tout en angles, une taille relativement similaire bien qu'un peu plus épaisse, 6 boutons pour être compatibles avec tous les jeux, Start et Mode pour l'utilisation des boutons supplémentaires. Les molettes pour la luminosité et le volume du son ont été placé sur la face inférieure.
Ce l'on ne voit pas sur cette photo toutefois, c'est que la Nomad demande en plus un boitier amovible pour les piles, qui se clipse à l'arrière. Et là du coup la machine prend encore de l'épaisseur. On passe donc du registre de la console "portable" à celui de console "transportable". La Game Gear n'était pas favorisée par rapport à la Game Boy, là vous pouvez carrément oublier l'idée de jouer dans le métro.
Comme je ne possède pas le bloc de piles, je n'ai pas pu tester l'autonomie. Je peux cependant dire que l'écran fonctionne par rétro-éclairage avec néon. Celui ci est toutefois beaucoup moins gros que pour la portable 8 bits, grâce à l'évolution technique : l'ensemble écran-néon-diffuseur ne mesure pas plus de 1cm d'épaisseur dans la console.
Soit, la console n'est pas portable mais ça ne gène pas tout le monde : je n'ai presque jamais mis de piles dans ma Game Gear et ça ne m'a pas empêché de l'adorer. Une fois câblée, la console ressemble à ceci :
Hein 3 fils au lieu d'un seul ?
Oui, on touche aux particularités de la Nomad. La petite n'est pas juste une Game Gear upgradée pour faire tourner des jeux Genesis/Megadrive, elle dispose également de deux connecteurs supplémentaires :
- un port manette sur le coté inférieur : ce connecteur permet de jouer à deux à des titres comme Streets of Rage, le premier jouer prenant la Nomad, le deuxième la manette. Oui enfin en principe, car ma manette n'était pas reconnue et SoR ne m'a proposé que le mode 1 joueur. La console ici testée a été vendue "pour pièces" et a demandé des réparations à divers endroits, aussi est il possible que le port manette soit également défectueux et que je sois passé à coté du problème.
- un port vidéo : lui il vous permet littéralement de brancher la Nomad sur une tv via le câble de la Genesis/Megadrive 2. En fait, la Nomad peut se résumer à une Genesis 2 portable car elle utilise les même connectique. J'ai testé, et approuvé.
Loin d'être un simple gadget, on peut littéralement dire que le port vidéo a sauvé la Nomad de la poubelle de l'histoire. Pourquoi ?
Parce que la Genesis 2 utilise un signal composite : de moins bonne qualité que le RGB de la Genesis 1, mais qui a l'avantage de ne passer que par un fil, et d'être utilisé par encore beaucoup de petits écrans vidéo modernes.
Il faut savoir que la Nomad souffre régulièrement de problèmes d'écran : c'est ce que j'ai constaté en naviguant sur la toile, mais aussi en recevant la mienne avec un magnifique rond de pixels morts au milieu. Une Game Gear avec ce genre de problème ira à la poubelle : trop compliqué de trouver un écran similaire, puis de souder la nappe fil par fil. Avec la Nomad par contre, on peut prendre un écran de taille comparable pourvu qu'il génère un signal composite. Les plus utilisés pour ça sont des écrans vidéos pour les caméras de recul de voiture. En soudant l'entrée du nouvel écran sur la sortie composite du port vidéo, on retrouve une image et donc une console fonctionnelle. Après, la qualité d'image dépend de celle de l'écran et des réglages : les plus bricoleurs modifient la coque de la Nomad pour rendre disponibles les boutons poussoirs de réglage. Pour ma part, je n'ai pas fait ce choix, désirant garder l'esthétique d'origine de la console : je me suis contenté de réparer les (multiples) pannes de la console que j'avais acheté. En conclusion donc, le port vidéo a permis un remplacement satisfaisant des écrans.
Je mentionne depuis le début plutôt "Genesis" que "Megadrive" pour bien vous faire comprendre que la Nomad n'est pas sortie en France, elle n'est sortie qu'aux USA où la Megadrive se nomme Genesis. Conséquence de cela ? Tous les jeux européens ne passent pas. Au début les jeux n'étaient pas zonés, comme c'est le cas pour le Streets of Rage visible plus haut. Hélas arrivé à une certaine époque, le zonage est arrivé, et des jeux comme Streets of Rage 2 ne fonctionne pas sur la machine, sauf en la modifiant. Adieu mes envies de Rocket Knight Adventure au chaud dans le lit avec du matériel d'origine ; par contre un excellent Shadowrun, c'est possible.
D'un autre coté, le fait d'avoir une Genesis portable offre de multiples possibilités amusantes, comme d'empiler Sonic 3 avec Sonic et Knuckle. Pour que vous ayez le bloc de piles, vous êtes garanti d'être remarqué dans le train. A voir aussi si on peut brancher un 32X sur la console. Le Master Converter, première version, ne rentre pas quant à lui.
Je résume donc :
- massive, surtout avec les piles,
- peut nécessiter le remplacement de l'écran d'origine,
- ne peut pas faire tourner tous les jeux officiels à cause du zonage.
Que penser donc de cette console ? "Soit belle et tait toi ?". Pas forcément : sa particularité de se brancher sur écran en péritel m'a récemment été utile : je réparais une télé cathodique à la cave il y a quelques jours et j'avais besoin d'une source de signal, quelque chose que je puisse bouger facilement. J'ai donc instantanément pensé à... la Nomad. Elle ne m'encombrait pas malgré les deux câbles branchés, me donnait quelque chose à afficher sur la tv et une fois celle ci en état, j'ai pu jouer un peu à Sonic & Knuckle pour me détendre du boulot réalisé.
Non ce qui me dérange avec cette machine, ce n'est pas la technique : c'est l'année de sortie, 1995. En 1995, la Genesis vit ses derniers moments : des cartouches sont sorties jusqu'en 1997 mais Sega a déjà préparé la relève avec la Saturn, sortie en 1995 aussi. Pourquoi donc employer des efforts pour développer une machine alors qu'elle est presque obsolète dés la sortie des cartons ? Je ne sais pas : mauvais choix stratégique ou temps de conception plus long que prévu, peut être. De même, pourquoi la réserver au marché japonais et américain : en Europe aussi, on aime les Sega 16bits, bon sang.
La Nomad, console peu connue surtout en Europe, et peu mémorable. La faute n'est pas à attribuer au hardware où on trouve de bonnes idées (possibilité de jouer à deux en branchant une manette, de la brancher sur l'écran), malgré une console assez volumineuse, il faut le reconnaitre. Non le problème vient qu'elle est sortie à un moment où elle n'avait plus sont utilité (les derniers gros titres sont sorti quelques mois avant) et pas partout dans le monde. Un peu comme si Sega s'était demandé si ca valait vraiment la peine. Dommage, parce qu'il y a nombre de jeux que j'aurais voulu jouer officiellement sans devoir embarquer une télé à l'époque, ou passer par émulateur maintenant. A défaut, la console reste un bel objet pour le collectionneur, et un beau puzzle pour le bricoleur : je parle d'ailleurs de mes mésaventures avec la mienne içi.