[RETROGAMING] EIEN NO FILENA / SUPER FAMICOM
EIEN NO FILENA
ETERNAL FILENA en anglais
Support : Super Famicom
Editeur : Nintendo
Développeur : Tokuma Shoten
Date de sortie : 1995
Le jeu n’est jamais sorti en Europe. Mais il a été traduit en français en 2019 par des fans
Depuis sa plus tendre enfance Filena a été élevée par son papy Zenna pour devenir un gladiateur et combattre dans l’arène de l’empire de Bor, empire dans lequel les peuples conquis sont considérés comme des citoyens de seconde zone, méprisés par les sang-purs. C’est le grand jour. Pour ses 16 ans, Filena a été choisie pour combattre dans l’arène !
Mais avant cette épreuve et la mort pour la plupart d’entre eux, les gladiateurs ont droit à une dernière « gâterie », ils peuvent passer la nuit avec la femme de leur choix. Filena est ennuyée. Dormir avec une femme révèlerait immédiatement le secret qu’elle cache. Alors que tout le monde croit qu’il s’agit d’un garçon, Filena est en réalité une fille, exhortée à taire son genre par papy Zenna. Mais refuser de dormir avec la femme choisie par l’empire conduirait cette dernière à la mort. Filena se résout donc à accepter de dormir dans le même lit que Lila. Et cela ne manque pas. Lila découvre le secret et s’exprime ainsi :
« Mais c’est pas possible, tu es une fille. tes lolos sont plus gros que les miens »
Ce quiproquo sur le sexe de Filena est un axe de narration du jeu. Comme dans ses passages où un des personnages masculin du jeu tombe amoureux de Filena et il en est très troublé parce qu’il croit qu’il s’agit d’un garçon. Ou ce passage où Filena et son groupe se déguisent en troupes de danseuses pour fuir l’empire, un garde les soupçonne d’être déguisés et décide de vérifier si ce sont bien des femmes et il fouille Filena. D’une façon générale cette dichotomie hommes-femmes est omniprésente. Les femmes sont plutôt le sexe fort. Et je dois dire que cela marche excellemment bien. La narration est clairement le point fort du jeu. Il faut dire que le jeu est tiré d’un animé sorti en 1992-1993. Cela aide et cela montre surtout la différence de qualité de narration à l’époque entre un jeu vidéo et un anime.
Le jeu bénéficie de cette origine et explique les motivations des personnages, leur fournissant un surplus de profondeur et générant de l’empathie de la part du joueur. De ce fait les personnages sont beaucoup moins caricaturaux que dans les jeux de l’époque. Les thèmes traités sont étonnamment matures dans un jeu de 1995.
Dans l’empire de Bor, les combats de gladiateur sont l’opium du peuple. Ils sont écrits par un scénariste qui cherche à entretenir le suspense et satisfaire le peuple. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Filena, prévue pour mourir rapidement, élimine un à un les gladiateurs. Le scénariste est aux anges, le peuple en transe. Pour l’apothéose, le combat final oppose Filena à ….. Papy Zenna. Filena refuse de se battre mais elle y est contrainte. Avant de mourir, Papy Zenna exhorte Filena à se rendre dans les archives de l’empire pour découvrir qui elle est vraiment.
Le jeu est donc une longue fuite pour échapper aux services secrets de l’Empire qui traquent Filena et sa troupe tout en voulant éliminer une bonne fois pour toute la rébellion cléchienne. Cette fuite confère un rythme haletant au jeu. Le joueur ne s’attarde jamais dans les lieux visités. Il n’y reste pas plus de quelques minutes avant qu’un rebondissement ne survienne, qu’un piège ne lui soit tendu.
Ce rythme haletant est à la fois une qualité dans la mesure où le joueur ne se lasse pas mais il porte également en lui le germe d’une frustration. Le risque est finalement que le joueur ne se sente jamais libre de faire ce qu’il veut et qu’il n’ait pas de vastes territoires à explorer. Les développeurs en ont bien eu conscience pour proposer à la moitié du jeu à peu près une plus grande ouverture. Malgré cela il est clair que ce n’est pas Final Fantasy. Ici point de monde ouvert, pas de multitude de mini jeux, pas de nombreux secrets cachés. Le jeu se fait quand même en ligne droite il faut le dire.
Le groupe de héros se compose de quatre personnages au maximum. Il est possible de changer leur équipement. Les sorts et les coups dont ils disposent sont liés aux armes qu’ils utilisent. Il est possible d’équiper 3 armes au maximum. Ainsi chaque arme a un effet : perçant ou assommant ou soignant et au fur et à mesure que vous utilisez un type d’armes vous boostez les sorts ou les coups qu’elle peut générer. Mais si vous déséquipez l’arme, vous perdez tout ce qui lui était rattaché. Les combats se déroulent vue de derrière.
D’un point de vue graphismes le jeu ressemble à un jeu Super Famicom du tout début de l’exploitation de la machine un peu comme Final Fantasy 4. Les personnages sont petits, pas très détaillés mais ils sont colorés, reconnaissables et expressifs. J’ai beaucoup aimé ce jeu. C'est un bon jeu très frais. Mais il ne peut pas accéder au titre de hit absolu. Il se finit assez vite : une 20aine d'heures à peu près et peine à prendre de l'ampleur. il y a également une vraie déception sur les boss même si dans l'histoire le choix effectué par les développeurs se comprend.
Il y a quelque chose d’exaltant à jouer à un jeu des années 90 inconnu pour nous alors que sans vantardise j’ai joué à énormément de jeux à l’époque, même des jeux import. Il y a quelque chose d’« originel ». Les jeux actuels néo-rétro malgré toutes leurs qualités adaptent les systèmes de jeux aux standards actuels alors que Eien No Filena est un jeu d’époque avec tout ce que cela a de bon et de mauvais, de naïveté et de lourdeurs.