[RETROGAMING] Rent a Hero / Megadrive
RENT A HERO
Support : Megadrive
Editeur : SEGA
Développeur : AM2
Sortie : 1991 (Japon)
Langue : Japonais
(traduction anglaise par des fans)
Elle était belle, intelligente et bourrée d'humour. Je me demande souvent pourquoi ce n'est pas allé plus loin et ce qui se passerait si tout recommençait aujourd'hui. c'est vrai que les années ont passé et moi avec. J'ai pris quelques kilos et perdu en proportion des cheveux. Mais allez pourquoi pas. donnons lui sa chance. Je parle bien sûr de l'histoire de Rent a Hero. vous pensiez à autre chose ? Rent a Hero est un jeu créé par l'AM2, édité par Sega en 1991 sur Megadrive, au japon uniquement.
1°- UN PLAISIR CONTRARIE
J'ai acheté le jeu en 1992, pour y jouer sur ma Megadrive japonaise après avoir longtemps bavé sur les photos du jeu dans les magazines tel Joypad et Consoles +. j'étais intrigué par ce jeu si singulier. je crois bien qu'il n'y avait aucun jeu identique sur console à l'époque.
Malheureusement j'ai vite déchanté. tout était en japonais : menus, histoire, et c'était injouable. c'est bien simple, je n'avais même pas réussi à sortir de la maison du héros. Le jeu a été vite revendu. Au début des années 2000, j'ai vu avec intérêt qu'un fan avait débuté la traduction du jeu. j'y ai mis beaucoup d'espoir. Mais il a abandonné, n'allant pas plus loin que la traduction du menu principal. insuffisant, hélas pour jouer au jeu. J'ai laissé tombé jusqu'à récemment où j'ai appris subrepticement qu'un fan avait traduit intégralement le jeu en 2015. J'ai repris le cours de cette histoire là où elle s'était arrêtée.
2°- L'INFLUENCE DE YU SUZUKI
Dans ce jeu on joue donc un adolescent qui reçoit par erreur une armure qui lui donne des super pouvoirs. Seulement elle n'est pas gratuite cette armure. La société qui l'a créée se nomme Rent a Hero. elle facture l'armure au héros qui doit alors accomplir des missions pour payer la note et également acheter des batteries, des potions énergisantes et faire des dons permettant de développer les capacités de l'armure. on passe du civil au super héros en utilisant dans un menu la fonction "change". les batteries de l'armure s'usent très vite et il faut l'utiliser avec parcimonie.
Les missions commencent tranquillement : sauvetage d'une femme dans un parc, livraison d'objets mais très vite il faut se déplacer à l'autre bout de la ville et découvrir la vie ordinaire et extraordinaire de cette cité.
Rent a Hero est un mélange entre Sword of Vermilion et Shenmue. Le point commun entre ces deux jeux est évident pour les connaisseurs : Yu Suzuki. en tant que directeur de l'AM2 il est à l'origine des deux jeux. Rent a hero comme Sword of Vermilion met en place plusieurs types de gameplay. Lors de la visite de la ville, on voit le personnage de 3/4 haut, il discute avec les personnages, achète des objets, prend le métro (souvent). Mais lors des combats la vue change et devient une vue de côté. il peut se battre avec ou sans son armure. Les combats peuvent survenir à 3 moments :
- contre des personnes qui vous provoquent dans la rue contre de l'argent,
- contre des méchants au cours d'une mission,
- aléatoirement dans la rue, avec des ennemis qu'on ne voit pas, quand on est recherché par des gangs.
Comme dans Shenmue, Rent a Hero met en place une ville vivante avec des personnages que l'on revoit plusieurs fois, dont on suit un peu la vie. C'est le gros point fort du jeu. on est vraiment baigné dans cette ville où on aide à retrouver un chat mais également à combattre les gangs. on se remémore la discussion avec un personnage pour résoudre une énigme ultérieure.
Il y a même un point commun évident avec Shenmue : la salle de jeux. Dans Rent a hero il y a une salle de jeux avec After Burner, Hang On, Out Run, etc... que des jeux de Yu Suzuki, dont la tendance à s'auto-citer est finalement assez ancienne. hélas on ne peut pas jouer à ces jeux mais si on s'approche on entend leurs musiques.
3°- LE POINT FORT : L'ECRITURE
Les thématiques des missions sont vraiment intéressantes et inédites dans d'autres jeux vidéos : on doit combattre la société qui fait des fausses factures, incarcérer les gangs qui attaquent une journaliste qui a dénoncé leurs activités, attraper un salary man qui a vendu un secret de son entreprise pour parier, empêcher une bombe d'exploser, réconcilier deux frères, retrouver un enfant perdu, combattre le gang qui a des plaques pour faire des faux billets. il y a beaucoup de second degré sur la vie japonaise et ses travers. Le héros fait évidemment référence aux sentai. on croise même un salary man qui veut changer de vie. on lui conseille de devenir un Rent a Hero et plus tard il nous pique un sauvetage. on accède au laboratoire secret de la société en s'asseyant sur un siège de toilettes à l'arrière d'une cafétéria.
C'est vraiment bien écrit. Résoudre ces énigmes passe d'abord par une phase de compréhension, il faut parler à tous les personnages impliqués, parfois en usant de subterfuges. puis on passe à l'action et cela se termine régulièrement en baston.
4°- UN GAMEPLAY DEFAILLANT
Les combats, parlons en. Le héros a des points de vie et d’énergie pour l'armure. il peut donner coup de poing et coup de pied. Si vous donnez de l'argent à la société, elle développera soit les points de résistance de l'armure soit les coups spéciaux.
Malheureusement les combats sont catastrophiques. Sword of Vermilion en pire peut être. la hit box est totalement ratée. on frappe on ne sait pas si on touche ou non. Les méchants n'ont qu'un seul geste.
Parfois ils sont nuls, parfois ils peuvent vous tuer en 2 coups. Tous les ennemis sont identiques à part 2-3 boss, qui sont encore pire. ils vous foncent dessus ou vous balancent des grenades, vous tuant rapidement. De plus les combats ne sont pas toujours annoncés et vous ne pouvez pas vous transformer durant les combats. si vous n'êtes pas en héros avant un combat important, vous n'avez aucune chance de vous en sortir. Le jeu le sait et joue à plusieurs reprises de cette astuce. Pris au dépourvu, vous vous présentez face à un combat surprise en étant en civil. En effet il est impossible de rester en permanence en armure de combat.
Au final Rent a Hero n'est pas vraiment un rpg. ce n'est pas non plus un pur jeu d'action. il a le postérieur entre deux chaises. Mais c'est le prix de l'originalité. C'est beaucoup un jeu d'énigmes dont certaines sont carabinées en raison d'indices insuffisants.
5°- UNE FRANCHISE IMPOSSIBLE A METTRE EN PLACE
Cette originalité, Sega a voulu la réexploiter des années plus tard en préparant une sortie sur Dreamcast mais le manque de fonds et le décès prématuré de la console a empêché une commercialisation.
Même sort pour une version ultérieure sur xbox. L'iso est facilement trouvable sur le net et le jeu parfaitement jouable :
Le héros était également présent dans la version japonaise du jeu de combat Fighters Megamix sur Saturn :
CONCLUSION : LA FIN D'UNE HISTOIRE
20 ans plus tard, je ne sais que penser de cette histoire. Même si toutes les promesses et les attentes n'ont pas été comblées, loin s'en faut, je suis évidemment très content d'avoir fini ce jeu commencé durant l'adolescence et de lui avoir laissé sa chance. Ce n'était pas aussi bien que prévu mais il fallait le faire. Cela doit aussi être vrai pour le reste, finalement.
SUPPOS : 5/6