[RETROGAMING] Tecmo World Cup 90 / Arcade
TECMO WORLD CUP 90
Editeur : Tecmo
Support : Arcade
Année : 1989
Qu'est-ce qui décide de l'accession (ou non) d'un jeu à notre Panthéon personnel ? Sa beauté confondante ? La précision de sa jouabilité ? Son originalité ? Parfois tout cela, parfois juste un peu de tout cela, et parfois rien de tout cela. Bien souvent, la vérité se loge ailleurs. De la même manière qu'il est des rencontres, dans la vie, où quelqu'un, pour une raison inconnue, va vous marquer à jamais, par sa simple existence, un jeu peut laisser sur soi une empreinte indélébile et lumineuse, enveloppant dans un drap d'ombre tous ceux auxquels il serait pourtant possible de le comparer.
C'était un été, ça j'en suis sûr, mais des étés il y en eut. Toutefois il me semble bien que c'était à Dinard. Un probable été de 1991... C'est ça: 1991, puisque je venais de me faire acheter, et chérissais comme un trésor, le numéro 0 de Consoles +, dont il n'est un seul mot que je n'ai lu plusieurs fois à l'époque. Non loin d'une plage, il était une salle d'arcade, une salle d'arcade où il était permis que je traîne mes baskets, malgré mon jeune âge (11 balais). Et parmi les bornes vibrantes de musiques et de sprites, s'en trouvait une qui suscita tout particulièrement mon intérêt puisqu'elle rencontrait mon autre passion d'alors, le football. Au milieu des Ghosts & Goblins, des Legend Of Hero Tonma, et des Final Lap trônait dans un coin sombre Tecmo World Cup 90.
Alors, s'il faut être précis, parmi la tonne de détails que je vous inflige et dont vous n'avez que faire, ça n'était pas Tecmo World Cup 90, mais un hack Italien: Euroleague. Toutefois, à quelques couleurs près, il s'agit bien du même jeu, strictement. J'y reviendrai.
Lorsque je le découvre en 1991, il y a déjà un moment que le jeu est sorti. Techniquement un peu dépassé, il fait alors plutôt pâle figure face au Football Champ de Taito, par exemple, plus beau, plus drôle, plus maniable, et pourtant, mystère des chimies psychologiques, c'est encore et toujours le stick et les boutons de Tecmo World Cup 90 que je sens sous mes doigts lorsque je songe très fort à cet été.
Tecmo World Cup 90 est un jeu de football minimaliste (ce qui est régulièrement un gage de qualité). Un de ces jeux qui feraient hurler ceux pour qui le football vidéoludique, c'est FIFA, ou PES. Là, en lieu et place des 158 boutons et des 4589 combinaisons possibles, vous avez droit à deux boutons, vous autorisant à tirer en hauteur ou à ras de terre si vous avez le ballon, et à tacler si vous ne l'avez pas. Selon que vous reprenez le ballon à la volée, vous effectuerez une tête ou bien un retourné, mais ce sont bien là les seules fantaisies dont vous pourrez vous délecter, puisque qu'en terme de jeux vidéo, le passement de jambe et la roulette ne furent inventés que bien plus tard.
Vos options ? 8 équipes nationales (parmi celles qui eurent l'honneur de participer à la Coupe du Monde en 1990, ce qui vous interdira toute excitation franco-patriotique teintée de chauvinisme, du coup vous pourrez jouer l'esprit plus reposé, et à l'exception du Japon, présent parce que merde, après tout c'est leur jeu). Pas une de plus. Votre objectif, lui, est simple: planter un pion de plus que l'adversaire durant les 2 minutes qui vous seront imparties. Ne rêvez pas, il n'y aura ni prolongation ni tirs au buts, un match nul et vous avez 10 secondes pour sortir rapidement une nouvelle pièce de 2 francs (oui, bon, « je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans... », etc). Les règles du jeu sont celles du football, en moins rabat-joie: oubliez fautes, cartons, penalties et hors-jeu, rien de tout cela ne vous sauvera ici, ça n'existe plus, ou plutôt pas encore. Et de toute façon, on parle d'arcade, là.
Mais pourquoi ce jeu est-il si bon ? On se le demande. Les graphismes ne sont même pas ce que l'on peut faire de mieux à l'époque (1989, c'est l'année où sort Final Fight, à titre indicatif): les sprites des joueurs sont plutôt pixelisés, leur design leur donne une démarche assez peu naturelle, comme s'ils courraient cambrés, torse bombé. L'animation? Juste suffisante. Les joueurs ont une course à peu près réaliste en ce qui concerne leur vitesse, mais du coup le jeu paraît quelque peu lent et lourd (comme un vrai match de football, quoi). Pour ce qui concerne le son, une routine en forme de mini-brouhaha de public, la même durant toute la partie, une flatulence marque le tir, et un coup de maracas indique un tacle glissé. La musique est dynamique et s'insinue rapidement dans votre esprit, il m'arrive personnellement d'en siffloter certains motifs, c'est un des points objectivement positifs de ce jeu. La jouabilité n'est même pas parfaite: il y a un temps entre le déclenchement de la frappe et celui où le ballon quitte effectivement les pieds du joueur. Un temps très court, mais perceptible, suffisant pour perdre le ballon lorsque l'adversaire est proche. De plus, lorsque plusieurs de vos joueurs sont à proximité du possesseur du ballon contrôlé par l'IA, la borne semble perdre un peu les pédales au moment de déterminer celui que vous allez contrôler, d'autant plus si l'action se passe près de vos buts, puisque le gardien entre en ligne de compte.
La difficulté, elle, est bien dosée. On sent bien, pour les deux premiers matches, que l'IA ne vous veut pas de mal. Mais, au fur et à mesure, tout s'accélère. L'équipe adverse court de plus en plus vite à chaque match, enchaîne les passes toujours plus rapidement, et sa précision de tir qui était au départ une plaisanterie devient progressivement diabolique. En revanche, ce jeu est le moins raciste du monde à l'époque: la succession des équipes que vous allez affronter est purement aléatoire, et, du coup, vous pouvez coller 6-0 au Brésil lors du premier tour pour vous faire défoncer 0-3 par les Etats-Unis en demi-finale, par exemple, ce qui ne répond à aucune logique réaliste. La difficulté est dosée en fonction du niveau atteint, pas de la nationalité. D'ailleurs, entre vos doigts, toutes les équipes sont égales, vous n'en choisissez que le maillot et la couleur de peau. Encore une fois, pas de prise de tête, le concept est extrêmement simple.
Tecmo World Cup 90 était, à sa sortie, un excellent jeu de football, qui, s'il n'avait rien de révolutionnaire (on rappelle que Kick Off est publié la même année) techniquement, laissait tout de même la concurrence derrière lui. Seulement voilà, c'était une époque où les jeux s'amélioraient de façon exponentielle, au fur et à mesure qu'ils paraissaient. Le début de la série des Hat Trick Hero un an plus tard (dont Football Champ, que j'ai évoqué, est une version), Super Sidekicks en 92, j'en oublie sans doute, tous ces jeux allaient reléguer ce Tecmo World Cup 90 au rang des souvenirs.
Pourtant, pour daté qu'il soit, son intérêt comme le fun qu'il procure sont restés intacts. Pour moi au moins. Simple comme un bon souvenir, il est de ces plaisirs faciles que l'on s'octroie régulièrement, pour se remémorer un autre temps sans en perdre. On clique et on joue, nulle mise en place n'est nécessaire, le gameplay est classique et la partie rapide, de par la brièveté du challenge (7 matches de 2 minutes) autant que par la prise en main, instinctive et stimulante. Et au final, s'il fallait n'en emporter qu'un seul sur le thème du ballon rond, sur la proverbiale île déserte, en ce qui me concerne ce serait celui-là. Pour la valeur d'initiation qu'il eut pour moi dans le monde des jeux d'arcade. Je ne sais plus, je dois l'admettre, si c'est dans celui-ci ou bien dans Wonderboy que j'ai glissé mes premières pièces d'argent de poche. En tout cas celui-ci fut un tournant, et je me souviens encore du trac ressenti lorsqu'après des heures d'observation des « grands » qui y jouaient, je me suis retrouvé seul aux commandes de cette grosse machine, dont j'avais rêvé plusieurs jours avant de me lancer.
Et puis, surtout... il s'agissait d'Euroleague, pas de World Cup 90. J'y reviens. Euroleague est un hack Italien proposant un Tecmo World Cup 90 bête et méchant, mais, et la nuance est de taille, avec des clubs Européens en lieu et place des pays. L'Inter de Milan, leur foutu maillot rayé bleu et noir, mon équipe préférée de l'époque, celle que je ne pouvais voir qu'en photo ou à travers le cryptage imparfait de Canal + le dimanche soir en seconde partie de soirée, je pouvais l'avoir à moi, la contrôler, vous imaginez? Et puis Barcelone, le Real, le Napoli, le Milan AC, le PSV, le Bayern Munich et l'Atletico, pour compléter le tableau, c'était de l'or en barre, pour moi, et ils étaient tous là.
Allez, j'arrête-là, ce qu'il y a à savoir du jeu, vous le savez. Pour le reste, c'est entre lui et vous que ça se jouera, mais essayez, si ce n'est déjà fait, cette référence déchue du football en jeux vidéo, une référence d'avant que les détails inutiles qui parsèment/gangrènent un nombre croissant de jeux fassent, du moins le croyait-on, toute la différence.
SUPPOS : 6/6 pour moi
(4,5/6 dans l'absolu)
C'était un été, ça j'en suis sûr, mais des étés il y en eut. Toutefois il me semble bien que c'était à Dinard. Un probable été de 1991... C'est ça: 1991, puisque je venais de me faire acheter, et chérissais comme un trésor, le numéro 0 de Consoles +, dont il n'est un seul mot que je n'ai lu plusieurs fois à l'époque. Non loin d'une plage, il était une salle d'arcade, une salle d'arcade où il était permis que je traîne mes baskets, malgré mon jeune âge (11 balais). Et parmi les bornes vibrantes de musiques et de sprites, s'en trouvait une qui suscita tout particulièrement mon intérêt puisqu'elle rencontrait mon autre passion d'alors, le football. Au milieu des Ghosts & Goblins, des Legend Of Hero Tonma, et des Final Lap trônait dans un coin sombre Tecmo World Cup 90.
Alors, s'il faut être précis, parmi la tonne de détails que je vous inflige et dont vous n'avez que faire, ça n'était pas Tecmo World Cup 90, mais un hack Italien: Euroleague. Toutefois, à quelques couleurs près, il s'agit bien du même jeu, strictement. J'y reviendrai.
Lorsque je le découvre en 1991, il y a déjà un moment que le jeu est sorti. Techniquement un peu dépassé, il fait alors plutôt pâle figure face au Football Champ de Taito, par exemple, plus beau, plus drôle, plus maniable, et pourtant, mystère des chimies psychologiques, c'est encore et toujours le stick et les boutons de Tecmo World Cup 90 que je sens sous mes doigts lorsque je songe très fort à cet été.
Tecmo World Cup 90 est un jeu de football minimaliste (ce qui est régulièrement un gage de qualité). Un de ces jeux qui feraient hurler ceux pour qui le football vidéoludique, c'est FIFA, ou PES. Là, en lieu et place des 158 boutons et des 4589 combinaisons possibles, vous avez droit à deux boutons, vous autorisant à tirer en hauteur ou à ras de terre si vous avez le ballon, et à tacler si vous ne l'avez pas. Selon que vous reprenez le ballon à la volée, vous effectuerez une tête ou bien un retourné, mais ce sont bien là les seules fantaisies dont vous pourrez vous délecter, puisque qu'en terme de jeux vidéo, le passement de jambe et la roulette ne furent inventés que bien plus tard.
Vos options ? 8 équipes nationales (parmi celles qui eurent l'honneur de participer à la Coupe du Monde en 1990, ce qui vous interdira toute excitation franco-patriotique teintée de chauvinisme, du coup vous pourrez jouer l'esprit plus reposé, et à l'exception du Japon, présent parce que merde, après tout c'est leur jeu). Pas une de plus. Votre objectif, lui, est simple: planter un pion de plus que l'adversaire durant les 2 minutes qui vous seront imparties. Ne rêvez pas, il n'y aura ni prolongation ni tirs au buts, un match nul et vous avez 10 secondes pour sortir rapidement une nouvelle pièce de 2 francs (oui, bon, « je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans... », etc). Les règles du jeu sont celles du football, en moins rabat-joie: oubliez fautes, cartons, penalties et hors-jeu, rien de tout cela ne vous sauvera ici, ça n'existe plus, ou plutôt pas encore. Et de toute façon, on parle d'arcade, là.
Mais pourquoi ce jeu est-il si bon ? On se le demande. Les graphismes ne sont même pas ce que l'on peut faire de mieux à l'époque (1989, c'est l'année où sort Final Fight, à titre indicatif): les sprites des joueurs sont plutôt pixelisés, leur design leur donne une démarche assez peu naturelle, comme s'ils courraient cambrés, torse bombé. L'animation? Juste suffisante. Les joueurs ont une course à peu près réaliste en ce qui concerne leur vitesse, mais du coup le jeu paraît quelque peu lent et lourd (comme un vrai match de football, quoi). Pour ce qui concerne le son, une routine en forme de mini-brouhaha de public, la même durant toute la partie, une flatulence marque le tir, et un coup de maracas indique un tacle glissé. La musique est dynamique et s'insinue rapidement dans votre esprit, il m'arrive personnellement d'en siffloter certains motifs, c'est un des points objectivement positifs de ce jeu. La jouabilité n'est même pas parfaite: il y a un temps entre le déclenchement de la frappe et celui où le ballon quitte effectivement les pieds du joueur. Un temps très court, mais perceptible, suffisant pour perdre le ballon lorsque l'adversaire est proche. De plus, lorsque plusieurs de vos joueurs sont à proximité du possesseur du ballon contrôlé par l'IA, la borne semble perdre un peu les pédales au moment de déterminer celui que vous allez contrôler, d'autant plus si l'action se passe près de vos buts, puisque le gardien entre en ligne de compte.
La difficulté, elle, est bien dosée. On sent bien, pour les deux premiers matches, que l'IA ne vous veut pas de mal. Mais, au fur et à mesure, tout s'accélère. L'équipe adverse court de plus en plus vite à chaque match, enchaîne les passes toujours plus rapidement, et sa précision de tir qui était au départ une plaisanterie devient progressivement diabolique. En revanche, ce jeu est le moins raciste du monde à l'époque: la succession des équipes que vous allez affronter est purement aléatoire, et, du coup, vous pouvez coller 6-0 au Brésil lors du premier tour pour vous faire défoncer 0-3 par les Etats-Unis en demi-finale, par exemple, ce qui ne répond à aucune logique réaliste. La difficulté est dosée en fonction du niveau atteint, pas de la nationalité. D'ailleurs, entre vos doigts, toutes les équipes sont égales, vous n'en choisissez que le maillot et la couleur de peau. Encore une fois, pas de prise de tête, le concept est extrêmement simple.
Tecmo World Cup 90 était, à sa sortie, un excellent jeu de football, qui, s'il n'avait rien de révolutionnaire (on rappelle que Kick Off est publié la même année) techniquement, laissait tout de même la concurrence derrière lui. Seulement voilà, c'était une époque où les jeux s'amélioraient de façon exponentielle, au fur et à mesure qu'ils paraissaient. Le début de la série des Hat Trick Hero un an plus tard (dont Football Champ, que j'ai évoqué, est une version), Super Sidekicks en 92, j'en oublie sans doute, tous ces jeux allaient reléguer ce Tecmo World Cup 90 au rang des souvenirs.
Pourtant, pour daté qu'il soit, son intérêt comme le fun qu'il procure sont restés intacts. Pour moi au moins. Simple comme un bon souvenir, il est de ces plaisirs faciles que l'on s'octroie régulièrement, pour se remémorer un autre temps sans en perdre. On clique et on joue, nulle mise en place n'est nécessaire, le gameplay est classique et la partie rapide, de par la brièveté du challenge (7 matches de 2 minutes) autant que par la prise en main, instinctive et stimulante. Et au final, s'il fallait n'en emporter qu'un seul sur le thème du ballon rond, sur la proverbiale île déserte, en ce qui me concerne ce serait celui-là. Pour la valeur d'initiation qu'il eut pour moi dans le monde des jeux d'arcade. Je ne sais plus, je dois l'admettre, si c'est dans celui-ci ou bien dans Wonderboy que j'ai glissé mes premières pièces d'argent de poche. En tout cas celui-ci fut un tournant, et je me souviens encore du trac ressenti lorsqu'après des heures d'observation des « grands » qui y jouaient, je me suis retrouvé seul aux commandes de cette grosse machine, dont j'avais rêvé plusieurs jours avant de me lancer.
Et puis, surtout... il s'agissait d'Euroleague, pas de World Cup 90. J'y reviens. Euroleague est un hack Italien proposant un Tecmo World Cup 90 bête et méchant, mais, et la nuance est de taille, avec des clubs Européens en lieu et place des pays. L'Inter de Milan, leur foutu maillot rayé bleu et noir, mon équipe préférée de l'époque, celle que je ne pouvais voir qu'en photo ou à travers le cryptage imparfait de Canal + le dimanche soir en seconde partie de soirée, je pouvais l'avoir à moi, la contrôler, vous imaginez? Et puis Barcelone, le Real, le Napoli, le Milan AC, le PSV, le Bayern Munich et l'Atletico, pour compléter le tableau, c'était de l'or en barre, pour moi, et ils étaient tous là.
Allez, j'arrête-là, ce qu'il y a à savoir du jeu, vous le savez. Pour le reste, c'est entre lui et vous que ça se jouera, mais essayez, si ce n'est déjà fait, cette référence déchue du football en jeux vidéo, une référence d'avant que les détails inutiles qui parsèment/gangrènent un nombre croissant de jeux fassent, du moins le croyait-on, toute la différence.
SUPPOS : 6/6 pour moi
(4,5/6 dans l'absolu)