[TEST] ICO / PS2
Lors des innombrables débats : « le jeu vidéo est-il un art ? », Ico est cité à chaque fois. Premier jeu de Fumeto Ueda, le titre est unanimement salué par la critique à sa sortie. Mais Ico mérite-t-il vraiment son statut de chef-d’œuvre ?
Tout commence lorsque des hommes masqués emmènent un petit garçon cornu dans un immense château avant de l’enfermer dans une statue et de le quitter sur ces mots : « N'y vois rien de personnel, mais il faut protéger le village ». Alors qu’il se croit condamné, un séisme renverse la statue et libère Ico. En cherchant une sortie, il rencontre une jeune fille (qui semble plus âgée que lui cependant), nommée Yorda, enfermée dans une cage. Ni-une ni-deux, vous la libérez. Le hic, c’est qu’elle parle une langue absolument incompréhensible. La seule manière de communiquer se fera par les gestes et des cris. Commence alors une quête plus axée sur le cerveau que sur les muscles.
Les bases du gameplay sont simples : sauter, frapper, utiliser, crier/attraper la main. Simples car la dextérité n’est pas dominante, c’est la réflexion qui passe avant toutes choses. En effet, le jeu est une succession d’énigmes composées de blocs, d’escalade, de sauts et d’interactions avec les objets du décor. Et bien souvent, le cerveau fume. Mais quelle joie de résoudre un casse-tête pour permettre à notre compagne de nous rejoindre.
Il y a également quelques combats. En effet, il arrive que des ombres vous assaillent dans le but d’emmener la jeune fille dans un trou noir. A vous alors de les chasser avec votre bâton de bois et, le cas échéant, d’aller repêcher votre copine dans la fameuse faille. L’avantage de ces affrontements est qu’ils sont peu nombreux comparativement au nombre de salles, ce qui engendre une certaine surprise lorsque ils apparaissent, mais également un léger stress quand on entre dans une pièce. Mais deux combats sont à retenir dans cette aventure : l’avant-dernier, où vous êtes opposés à une multitude d’êtres ayant un lien avec vous, et le dernier, le face à face final contre la maîtresse des lieux.
Mais Ico, c’est avant tout une histoire. Une histoire d’amour qui plus est. Deux personnes que tout oppose, liés uniquement par la main (symbole fort qui revient dans la séquence d’après générique) qui tentent de s’évader d’un domaine de solitude. Solitude, c’est d’ailleurs le maître mot de ce titre : décors vides de toute présence, un château qui ne semble même pas être construit pour être habité, les seules rencontres sont des ombres qui n’ont aucune personnalité. Les couleurs utilisées pour les deux protagonistes sont également importantes : chatoyantes pour Ico, pâles pour Yorda. A nouveau les personnages sont opposés, mais ils ne s’accordent également jamais avec le décor, comme si aucun des deux n’avait sa place dans ce lieu. Notre seule envie est alors de les faire sortir de cette prison.
Pour couronner le tout, la bande son est absolument sublime. La quasi absence de musique lors des scènes courantes nous permet d’apprécier le chant des oiseaux, le bruit du vent, le roulement des vagues… Tout est parfaitement orchestré pour nous imprégner du lieu et nous faire oublier parfois que l’on cherche à s’évader, en atteste ces bancs disposés dans le château où vous vous asseyez avec votre compagne pour sauvegarder. En effet, lorsque vous charger votre partie, vous retrouvez nos deux héros endormis.
A la question posée lors de l’introduction, Ico est-il un chef d'oeuvre, je répondrai oui. Oui car Ico est une œuvre de pleine beauté, de bons sentiments et de magie. Il fait partie de ces jeux qui vous marquent, ces jeux qui touchent votre cœur, ces jeux qui vous font aimer le jeu vidéo. Assurément une œuvre artistique.
SUPPOS : 6/6