[CRITIQUE CINEMA] Your Name de Makoto Shinkai
YOUR NAME
Réaliateur : Makoto Shinkai
Pays : Japon
Année : 2016
Sorti en 2016 et réalisé par Makoto Shinkai, Your Name c'est "on peut le dire" le point culminant de la carrière du jeune réalisateur. C'est un film qui reprend toutes les thématiques qui lui sont chères, l'amour adolescente, la distance, le temps qui passe et une petite dose de fantastique. Comme dans le cinéma d'Hayao Miyazaki et de Mamoru Hosoda, il aime que le fantastique s'entremêle avec la réalité. D'ailleurs, Your Name ressemble beaucoup à un autre de ses films, à savoir 5 centimètres par seconde (2007), un film qui racontait lui aussi une histoire d'amour impossible entre deux jeunes séparés par la distance, mais jamais par le cœur. La seule différence, c'est cette petite touche de fantastique en plus. Tout est là pour un chef-d'œuvre de la comédie romantique et fantastique.
Très vite, on comprend que nos deux protagonistes principaux, un garçon et une fille, s'échangent leur rôle. Mitsuha est une jeune lycéenne qui vit dans le japon rural et qui rêve d'aller à la ville. Taki quant à lui est un étudiant qui vit à Tokyo et qui semble plus réservé que Mitsuha. On a donc deux personnages que tout oppose, l'un rêveur et vivant à la campagne, l'autre solitaire et vivant dans la ville. C'est la tradition (le japon rural) qui s'oppose à la modernité (Tokyo). Mais voilà qu'un matin, l'un se réveille dans le corps de l'autre et vice-versa. Durant plusieurs semaines, ils vont alors apprendre à se connaitre dans le corps de l'autre. Et à cela s'ajoute une histoire de comète qui relie les deux ados.
Le ciel et les étoiles, les relations amoureuses à l'adolescence et le temps qui passe, nous sommes bien en terrain connu. Aprés un Voyage vers Agartha (2011) qui lorgnait beaucoup trop sur du Miyazaki, Makoto Shinkai revient à ses fondamentaux. On retrouve tout de même cette notion de traditions vs modernité entre le vieux japon et le japon plus moderne. Cette ode aux traditions, c'est quelque chose qu'on voit beaucoup dans le cinéma de Miyazaki. Mais là où Makoto Shinkai se démarque de son maître, cette dans cette fusion qu'il fait des deux japons (ancien et moderne) à travers deux personnages qui fusionnent ensemble. Chacun des deux protagonistes rêve de vivre dans l'autre monde. Mitsuha par exemple est toute excitée de vivre une journée dans le corps de Taki, d'être à Tokyo, d'aller au café avec les potes de Taki. Pareil pour Taki, qui apprend les traditions enseignées par la grand mère de Mitsuha et qui semble apprécier d'être dans le corps d'une fille (la scène très drôle en mode running gag où il découvre qu'il a des seins).
Il y a aussi dans Your Name une fusion entre le passé et le futur, mais ça on le découvre beaucoup plus tard dans le film. C'est à ce moment là, vers la fin du film, qu'un autre élément fantastique entre en jeu, avec cette notion de distance temporelle qui se rajoute à la distance spatiale. C'est difficile d'en parler plus sans spoiler. Toujours est-il que Makoto Shinkai arrive à raconter une histoire d'amour entre deux adolescents de façon originale, en les faisant vivre dans le corps de l'autre. C'est quand même pas commun comme concept, deux adolescents qui s'aiment, mais sans jamais se voir. Ils sont prêts à s'aimer, mais ils ne le peuvent pas, à cause de la distance (temporelle et physique) qui les dépare.
J'ai beaucoup pensé à 5 centimètres par seconde (mon Makoto Shinkai préféré) en regardant Your Name. On y retrouve à peu de chose prés la même histoire, avec cette même notion de distance spatiale et temporelle et sous la même forme "feuilletonnée". En effet, 5 centimètres par seconde racontait trois histoires liées en un film et on retrouve un peu cet esprit dans Your Name, qui semble se diviser en plusieurs épisodes ou chapitres. Même la fin est très semblable, sur la forme comme sur le fond. On a ce générique de fin qui ressemble à un clip musical, avec ces images saccadées qui reprennent des moments clés du film. Je continue quand même à préférer 5 centimètres par seconde, parce que l'histoire est plus simple et donc plus touchante selon moi, et parce que la fin est plus triste et mélancolique et m'a finalement plus marqué. Bref, 5 centimètres par seconde semble avoir été un (magnifique) brouillon pour Your Name, qui en reprend tous les éléments pour les magnifier, un film beau, romantique et poétique qui touche au cœur.