[GEEK] Infini / Direct to Video
INFINI
Origine : Australie
Réalisateur : Shane Abbes
Avec : Daniel MacPherson, Grace Huang, et Luke Hemsworth
Sortie française : 4 novembre 2015, direct to video
Au début 23ème siècle, une station minière située dans le pire trou du cul de l'espace est déclarée en état de catastrophe biologique. Le type de pépin est alors plutôt flou, mais une équipe de sauvetage envoyée illico en revient... pas très bien, et la panique qui en résulte fait que le personnage principal, un spécialiste en survie (« ça tombe bien »), se trouve projeté, pour son premier jour de boulot, sur les lieux de la catastrophe. Et ne donne plus signe de vie.
Oh Mon Dieu !!? Tous ceux qui vont là-bas, sans exception, deviennent fou, contagieux, et meurent dans d'atroces souffrances, et Whit Carmichael (c'est le nom du perso principal) est tout seul là-bas !!! Que faire !?!
Hum... Ben... Le laisser se démerder? Oui, parce que je me permets de rappeler que, manifestement, tous ceux qui vont là-bas, sans exception, deviennent fous, contagieux, et meurent dans d'atr...
Envoyer d'autres gens pour récupérer Vite Georgemichael... enfin le mec, là ? Ah, oui, tiens, c'est une idée.
Infini est l'exemple typique de ces scenarii qui reposent sur une (et une seule) idée, de fin en l'occurrence, idée dont les auteurs sont si fiers que, du haut de leur infinie prétention, ils en oublient qu'il reste encore une heure trente à remplir avant l'orgasme promis (le leur, en fait). Mais c'est pas ça, le cinéma, désolé. Ou bien The Lost World : Jurassic Park serait (presque) un film acceptable (un t-rex dans les rues, mec, un foutu t-rex ! Dans les rues !).
Sans trop en dévoiler, la fameuse séquence, dans Infini, est un monologue prêchi-prêcha, ode à l'humanité, mais sortie d'un peu nulle part, et qui a notamment pour défaut de permettre l'inévitable final en flou artistique, porte ouverte à mille interprétations pour faire parler sur la toile (n'est pas Kubrick qui veut). Avant ça ? Un démarrage sous amphétamines, un fatras de choses éparses et insensées en guise de promesses mais qui ne seront au final d'aucune utilité, allez-y prenez note : dilatation spatio-temporelle, petite amie enceinte, romance supposée entre membres de l'équipage, téléportation dangereuse si elle échoue, et j'en oublie. C'est noté ? Bien, vous pouvez déchirer vos copies et oublier tout ça très vite, tout ceci ne sera qu'évoqué rapidement, et n'aura strictement aucune incidence sur le cours des choses. Vous avez dit "remplissage" ? Oui.
Tout le reste n'est qu'un long tunnel de scènes d'actions au montage épileptique qui semblent échappées des pires jeux vidéo en QTE (sachant que le jeu vidéo a déjà cette fâcheuse tendance à emprunter au cinéma ce qu'il fait de pire, je vous laisse le loisir d'imaginer un film s'inspirant de jeux moyens s'inspirant de mauvais films), mise en scène façon clip, couloirs bardé de jets de fumée, effets spéciaux tape-à-l’œil inutiles. Ah, question : quelqu'un, parmi ceux qui sont à l'origine de cette pellicule, a-t-il seulement songé à esquisser une sorte d'architecture, même vague, de la fameuse station ? Parce que, pour rappel, il s'agit là d'un huis-clos, nos personnages sont enfermés, prisonniers. Pourtant, nulle suffocation, rien ne semble limiter le moins du monde les mouvements, les gens entrent et sortent du cadre comme ils vont et viennent dans la station, l'ensemble "respire" fort bien, et nous aussi, merci. Mais de tension nerveuse, point. Alors, il faut bien la créer, au marteau-pilon si nécessaire, les scènes d'hystéries s'enchaînent, le sang afflue et gicle de toutes parts, la violence pleut, mais hélas, sans danger pour le spectateur mi-médusé, mi-assoupi, toute identification lui étant rendue impossible par le mépris dont Shane Abbes inonde ses personnages, et leur sort importe finalement bien peu. A l'exception de la petite copine enceinte, que le réalisateur aime visuellement beaucoup, ça se sent, mais dont il ne sait pas davantage ce qu'il conviendrait de lui faire dire ou faire.
Pire : Infini échoue même à nous faire nous sentir "loin", fragiles, minuscules, ce qui est pourtant le minimum pour un film "sérieux" censé dérouler son action à l'autre bout de l'univers, non ? Eh bien non, la faute au mode de transport (téléportation), et au fait que tout ceci, par le truchement des courbures de l'espace-temps, ne dure que quelques minutes terrestres. Voilà ce que c'est que de vouloir bourrer son œuvre d'idées super cool sur le papier : elles finissent par se tirer mutuellement une balle dans le pied.
J'arrête là. Infini est un naufrage. Shane Abbes semble tout du long faire étalage d'un manque d'inspiration qui confine à la paresse et, pire, à la frime, comme un vulgaire tâcheron hollywoodien, ce qui est un comble pour un réalisateur débutant et donc encore quelque peu hors système. Le manque de budget n'a pourtant jamais empêché quiconque de faire la preuve d'une vision, d'un regard. Or, tout ce qu'Infini donne à voir, ce sont les (mauvaises) inspirations que son réalisateur eut le goût douteux de collectionner. "Copier", "Coller". "Copier." "Coller." "Copier"... Sa seule qualité sera de vous donner le loisir de chercher dans votre mémoire dans quel film vous avez déjà vu telle ou telle scène. En mieux. Ou en pas moins bien, en tout cas.