[CRASH TEST] Uncharted: Golden Abyss / PS Vita
Uncharted: Golden Abyss
Support: PS Vita
Editeur : Sony
Développeur : Sony Bend
Sortie: 22 Février 2012
Comme d'habitude, le titre nous met aux mains du désormais célèbre Nathan Drake. Véritable Indiana Jones des temps moderne, l'homme à la coiffure Vivelle Dop et à l'humour potache rempile pour une nouvelle aventure en Amérique centrale. En compagnie du mesquin Dante et d’une grognasse dont j'ai déjà oublié le nom, il tentera de retrouver un mystérieux trésor enfoui au fin fond de la jungle Amazonienne (je crois…). Bien évidemment, de nombreux ennemis et un général à la bedaine proéminente tenteront de lui faire obstacle.
Pitch ô combien classique, il se révèle être d’une platitude et d'un ennui sans nom. La structure narrative est l'exact copié/collé des épisodes précédents, avec son lot de retournements de situations bidons et de dialogues absurdes. De plus, le rythme du jeu est entaché par des cinématiques interminables qui apparaissent toutes les 15-20 minutes. C'est franchement lourd et pas utile pour un sou. Quant au dénouement, il est tellement prévisible qu'on le devine au bout de quelques minutes de jeu. Une chose est sûre, la narration de cet Uncharted ne restera pas dans les annales. C'est un gros point faible, car c'est ce qui faisait la force des épisodes précédents. Ici, on se contente du minimum syndical. Un peu honteux de la part des développeurs !
Côté scénario, c’est raté. Cependant, la promesse de cet épisode sur Vita était de nous en mettre plein la tronche avec des graphismes jamais vus sur console portable. Alors, on prend sur soi, on insère la cartouche, on lance le jeu, et là… c’est le drame !!! Je ne vais pas tourner autour du pot, le jeu est d'une laideur sans nom. La première chose qui saute aux yeux, c’est la présence exacerbée de l'aliasing qui met un grand coup de pompe dans la rétine. On a l’impression d'être face à un moteur totalement has-been qui, à force de vouloir accumuler les détails inutiles (la pilosité de Drake est vraiment pas mal du tout…), nous affiche un rendu absolument dégueulasse. Je n'en ai rien à cirer de voir des gouttes d'eau ruisseler sur les murs! Ce qui m'intéresse, c'est que ce soit propre et agréable visuellement, quitte à virer les effets graphiques qui n'ont strictement aucune utilité. A titre de comparaison, on peut prendre l'exemple de Gravity Rush qui, malgré des graphismes modestes, affiche un rendu de toute beauté complètement adapté à la PS Vita.
La deuxième point qui fâche, c'est le framerate totalement à la ramasse. Je n'ai pas dépassé les 25fps durant toute l'aventure, même pendant les moments calmes dans des environnements relativement vides. Du coup, le jeu est injouable et la visée s'avère catastrophique. C'est LE gros point noir du titre, qui plombe purement et simplement l'expérience de jeu. C'est quand même dingue de ne pas être capable d’optimiser correctement un soft de cette envergure.
Pour le reste, c’est clairement moyen. Si les effets aquatiques ne sont pas trop mal fichus, que dire des explosions et de la pyrotechnie digne d'une Saturn des mauvais jours ? Et oui, les flammes cubiques ne sont jolies que pour les amateurs d’art abstrait. Quant aux textures et aux arrières plans, ils n'ont rien d’exceptionnels. Seules les animations faciales sauvent la galère du naufrage complet.
Ce n'est pas jojo tout ça, j'espère que le gameplay rattrapera le coup. Eh bien, croyez-le ou non, ce n'est même pas le cas. Globalement, on est face à la même jouabilité que les volets sur PS3. On vise, on tire, on se met à couvert, on saute et on balance des grenades dans tous les sens. Mais, comme je l’ai dit plus haut, le framerate catastrophique empêche toute forme de précision, pourtant indispensable, durant les phases de gunfight. Mais ce n'est pas grave, puisque la hitbox toute pourrie des ennemis vous permet de réaliser des headshots en pagaille. Golden Abyss, le seul titre où vous touchez la tête alors que vous visiez le tronc.
Evidemment, jeu de lancement oblige, on rajoute tout plein de fonctionnalités inutiles, histoire d'exploiter au maximum les gadgets de la console. Pavé tactile avant et arrière, caméra, gyroscope… Tout passe à la moulinette. Personnellement, ça ne me dérange pas tant qu’on ne me l'impose pas. Si c’est le cas durant les phases de plateforme, le gyroscope s’active tout seul comme un grand quand vous visez. Du coup, pour peu que vous jouiez avec les sticks analogiques, il vous suffit de bouger un peu trop pour que le curseur parte en cacahuète. Pas simple de shooter du soldat sur un jeu qui rame, mais si en plus le gyroscope commence à vous jouer des tours, bonjour la crise de nerf...
Concernant la caméra, ce n'est pas beaucoup mieux. Durant les phases de jeu classique, elle ne pose pas de problème et reste globalement bien gérée. Cependant, l'angle choisi pendant les parties de plateformes s'avère souvent handicapant. Il vous arrivera de redescendre sur une corniche alors qu'au départ, vous vouliez atteindre une prise située derrière vous. Ça passe pendant les périodes « tranquilles », beaucoup moins lorsque vous devez vous activer l’arrière train alors que tout explose autour de vous. C’est terriblement frustrant de mourir à cause d’une caméra mal placée et d’un level design aux fraises.
Tiens, les environnements, parlons-en. D'une paresse sans nom, ils nous transportent dans la jungle, puis dans des ruines, dans une base militaire, et re dans la jungle et dans les ruines. Bonjour le replay value et la diversité. Déjà que le jeu est moche, alors si en plus la variété est aux abonnés absents…
Je tiens vraiment à appuyer sur ce point, car c'est l'une des raisons du terrible ennui qui m'a habité durant toute l’aventure. Tout se ressemble, il n'y a aucune forme d'émerveillement. C’est à la fois extrêmement classique et répétitif. Quant au level design, en plus d'être souvent mal fichu, il est ici réduit au minimum syndical. Les terrains de jeu sont soit de vulgaires couloirs, soit des carrés parsemés de murs et de caisses derrières lesquels il est possible de se cacher pour se couvrir. Si les environnements étaient un peu plus variés, ça ne m’aurait pas plus dérangé que ça, mais là c'est vraiment trop. Et ce n’est pas l'IA qui va rattraper le coup.
D'une débilité déconcertante, les ennemis se contentent de vous foncer tête baissée dessus. Il n’est nullement question de stratégie de contournement ou d’organisation pour vous débusquer et vous faire la misère. Pire, vos adversaires se mettent souvent à couvert alors qu'ils sont dos à vous… Une belle preuve d'intelligence, qui se transforme en un vrai tir aux pigeons.
Côté bande son, c'est probablement le seul aspect réussi de cet Uncharted. Les voix françaises sont toujours aussi agréables et les musiques collent parfaitement au jeu. Enfin un bon point, il fallait le trouver celui-là! En ce qui concerne la durée de vie, on atteint facilement les 10 heures pour le mode solo en cherchant quelques trésors par ci par là et en comptant les nombreuses cinématiques (qui doivent bien atteindre les 2 ou 3 heures). Trop long pour un jeu aussi médiocre, et beaucoup trop bavard pour un scénario aussi inintéressant...
Pour finir, je tiens à donner un dernier coup de gueule concernant les deux bosses de fin. En effet, les développeurs ont eu la merveilleuse idée de nous servir des combats dantesques à base de QTE tactile… A vous les joies du pouce qui glisse sur l'écran pour venir à bout des grands méchants qui vous ont pourri la vie durant toute l’aventure. En plus, ces phases de jeu ne sont absolument pas précises, la validation de la manipulation n'étant bien souvent pas prise en compte alors que vous avez correctement effectué le mouvement. Bien sûr, il vous faudra recommencer le combat dans son intégralité, ce n’est pas drôle sinon. Le caca sur la cerise, en quelque sorte…
Quelle déception que cet Uncharted version portable. Techniquement à la ramasse totale, le jeu cumule toutes les tares possibles et imaginables. Entre un gameplay insupportable, un level design mal fichu et redondant, une direction artistique paresseuse et une intelligence artificielle partie cueillir des pâquerettes, on est loin d'être gâté. Ajoutez à cela un scénario complètement grotesque et des manipulations tactiles aussi imprécises qu'inutiles, et vous obtenez tous les ingrédients d’une bonne daube provençale. Espérons que la licence prendra un nouveau départ sur Playstation 4, car c'est déjà le deuxième volet d’affilée totalement raté.
SUPPOS : 1,5/6