TEST : THE LAST REMNANT / XBOX 360
The Last Remnant
Développeur/Editeur : Square EnixSupport : Xbox 360
Année : 2008

On ne peut pas dire que les RPG japonais connaissent leurs heures de gloire sur les consoles next-gen, là ou les RPG US explosent les records de vente. The Last Remnant était attendu avec une certaine curiosité, à défaut de véritablement être considéré comme un 'blockbuster'. Première expérience de Square-Enix (hors Tri-Ace) sur 360, le jeu a subit un accueil très froid de la part des sites spécialisés, un peu meilleur dans les mags, et plutôt bon du coté des joueurs qui l'ont essayé. Qu'en est-il vraiment ?
Commençons par ce qui est déjà connu de tous : ce jeu est un ratage technique. Dès le premier combat les textures s'affichent à la bourre (pratique pour ceux voulant voir comment les textures sont plaquées les unes sur les autres !) et le jeu rame à chaque action un peu spectaculaire. On est tout de suite dans l'ambiance ! De plus les combats mettent du temps à charger, les lieux également. Bref c'est indéfendable même si on fini par s'y habituer !
Dans l'ensemble les décors sont ne sont pas exceptionnels, mais deux ou trois lieux arrivent à sortir un peu du lot. D'ailleurs dès que le milieu aquatique intervient d'une manière ou d'une autre (mer, marais, cours d'eau, égouts...) les graphismes ont tendance à être d'une qualité supérieure. C'est un peu mieux du côté des personnages, sans être au niveau d'un Lost Odyssey par exemple.

Le scénario est assez sympathique pour là ou j'en suis arrivé (2eme DVD). Sans être exceptionnel, il nous permet de découvrir l'univers proposé avec un déroulement du jeu très plaisant (dans un concept très similaire à celui de Baldur's Gate).
L'histoire principale se déroule sur quelques zones, avec une certaine linéarité, et propose l'exploration de plusieurs villes. En discutant avec certains personnages (PNJ de quêtes ou simples passants) on prend connaissance de l'existence de nouveaux lieux. Ceux-ci apparaissent dès que l'on retourne à la carte générale et sont alors disponibles pour l'exploration. Une fois la visite terminée, il y a plusieurs issues possibles : Si le lieu est clôt, on retourne à ses occupations héroïques ; si le lieu débouche sur une ou plusieurs issues d'autres zones se débloquent et il est possible de continuer en avant.
Un circuit bis se met donc en parallèle du scénario principal, bien plus vaste et plus satisfaisant sur un plan exploratoire. Certains lieux peuvent d'ailleurs être atteint en suivant des cheminements différents. A noter que quelques passages à l'intérieur de zones déjà visitées se débloquent en cours de jeu (par une discussion avec des passants ou après certains évènements) et il est alors possible d'effectuer une exploration plus poussée, et éventuellement de découvrir une nouvelle sortie. C'est vraiment le point le plus réussi du jeu, qui mêle à merveille exploration et cassage de monstre, le tout avec un non-linéarité assez rare dans le genre. Les tavernes centralisent un bon nombre des personnages importants, même si ce n'est pas l'unique endroit où chercher quêtes et informations.
Les monstres rares sont souvent impossible à trouver sans aide extérieure au jeu. D'autant que le système de combat se prête très mal à des aller-retour incessants, et les combats contre des monstres faibles sont malheureusement quasi-impossibles à esquiver. Et là les temps de chargement ainsi que la lourdeur du système de jeu se font fortement sentir.

Maintenant venons en au coeur du jeu : le système de combat, assez unique et déroutant. Le joueur ne gère pas des personnages individuellement mais des unions de personnages. Chaque union est composée d'au moins un chef de groupe, et des soldats de base viennent la compléter jusque 5 membres au maximum. Ces chefs peuvent être des personnages principaux de l'histoire, des personnages secondaires rencontrés lors de quêtes annexes ou des personnages anonymes juste recrutés pour l'occasion.
Les unions sont statistiquement définies par plusieurs critères. Points de vie et points d'action, somme de tous les personnages de l'union. Puissance offensive (physique, magique) et puissance défensive (physique, magique), moyenne globale des membres de l'union. Une union meure lorsque ses HP tombent à zéro, que les personnages soient tous vivants ou non. Inversement, une union peut rester en vie alors qu'il ne reste plus qu'un membre debout dans le groupe. Plusieurs formations sont disponibles, avec des bonus offensifs et défensifs et éventuellement une efficacité spécifique (plantes, insectes, démons...). Le placement des membres au sein de cette formation aura un impact sur le combat, l'avant garde se ruant au combat avec un bonus physique, et l'arrière garde restant en retrait avec un bonus mystique.
Les ennemis sont visibles sur la carte, et il est possible de les rencontrer par groupe en utilisant une dyschronie. A savoir un ralentissement qui permet de locker un certain nombre d'ennemis durant un laps de temps défini. Après un bon petit chargement des familles, le combat est lancé. Le menu nous propose de déterminer une action par union, parmi 5-6 choix proposées. Il est possible de sélectionner un ordre global (physique, technique, mystique, à distance, altération d'état, soin...) qui va s'exprimer en un patchwork aléatoire d'attaques individuelles. A noter que les choix varient en fonction de l'unité adverse ciblée, dont la disposition est visible à partir d'une petite carte. Une fois l'action déterminée pour chaque union, le combat se lance.

Les unions vont à la rencontre de l'adversaire sélectionné et il est alors possible d'intervenir par l'intermédiaire de QTE (en attaque ou en contre). Une autre union peut attaquer un ennemi déjà en combat en passant par les flancs ou par l'arrière. Ce système d'engagement marche aussi du coté adverse. Vous pouvez être interceptés par des groupes ennemis, le combat se déroule alors normalement mais avec un sérieux malus. Au début d'un affrontement, les membres d'une l'union n'utilisent pas tout leur potentiel. A l'exception des attaques de base et de l'utilisation d'objets, toute action coûte des Points d'action. L'union commence le combat avec un nombre de PA limité, et à chaque tour le nombre de PA initial sera ajouté aux PA restants. Donc en avançant dans le combat, il est possible de porter des coups plus efficaces et pour plus de membres de l'union.
L'autre paramètre important est le moral du groupe, qui est défini pour l'ensemble des unions. Plus le moral est élevé, plus les unions sont puissantes et encaissent les dégâts. Le moral reste assez difficile à gérer et dépend en bonne partie du bon déroulement des engagements. Une union interceptée ou prise par les flancs handicapera le moral, ainsi que l'intervention de renforts ennemis. Les altérations d'états modifient aussi cette jauge, ainsi que la régénération de HP, l'éradication d'un groupe adverse... Pas forcement facile à appréhender, mais ce paramètre peut facilement faire la différence contre certains boss coriaces.
Parce qu'effectivement le jeu peut être dur, voir très dur par moment. L'aspect aléatoire du choix des action est parfois énervant, surtout lorsque certaines actions de soin passent à la trappe, et envoient l'union au suicide. Il est cependant possible de limiter ce facteur aléatoire en créant des unions homogènes et en doublant les capacités prioritaires.

Malheureusement il y a un défaut récurant (le contrepoids de la richesse proposée) : Le jeu souffre d'un manque de clarté flagrant pour tout ce qui concerne les stratégies de combat et l'évolution des personnages. Le tutoriel est plus que basique, le manuel fourni avec le jeu est nullissime (deux guides de 1000 pages sont déjà sur le marché !). Un véritable foutage de gueule, peut-être encore plus dommageable que les carences techniques.
Bien souvent on ne peut que constater l'évolution de ses coéquipiers parce que l'on ne sait pas vraiment quel est le facteur déterminant dans l'amélioration d'une arme, l'acquisition de sort ou l'augmentation des stats. Certains alliés gagnent parfois 300 HP d'un coup sans raison, et d'autres régressent d'une arme à 135 d'attaque vers une de 90. Parfois sur la carte du monde certains personnages vous posent des questions diverses et la réponse donnée doit sans doute avoir un impact, mais lequel ? Très difficile à discerner vu que rien n'est expliqué. Bref ce n'est pas forcement évident de juger le potentiel stratégique de ce jeu, sachant qu'un gros flou a été laissé (volontairement ?) sur toutes les mécaniques du jeu.
Bref malgré ses nombreux défauts (défauts techniques, manque de clarté) ce RPG n'en reste pas moins très plaisant à jouer, et surtout très addictif. The Last Remnant est un jeu à quêtes doté d'un scénario sympathique, d'un système de combat intéressant et d'un bon nombre de bonnes idées pour le joueur motivé qui veut s'y engager sérieusement.
SUPPOS : 4,5/6




