TEST : SOUL BUBBLES / Nintendo DS

Publié le par Lolo13

Développeur : Makensleep
Editeur : Eidos
Support : Nintendo DS

Année : 2008




Moi quand j’étais gamin, qu’est-ce que je pouvais m’amuser dans mon bain (aujourd'hui aussi j’avoue…). Non mais c’est vrai aussi, on ne se rend pas compte comme ça, mais dans un bain moussant, très moussant même, il y a tellement à faire. Moi par exemple je prenais mes jouets et je les faisais combattre dans des aventures sous-marines que même le FBI ne pourrait pas gérer. Mais ce que j’aimais par-dessus tout, c’était toutes ces bulles autour de moi, je m’imaginais léger comme l’air et pouvoir transporter celles-ci dans un monde féerique. Car ce que vous ne savez pas, c’est que je suis un incroyable fan des bulles. Les grosses, les petites, les moins grandes… Les bulles m’ont toujours fasciné à un point, je ne vous laisse même pas imaginer. Non vraiment ; Essayer avec un bout de plastique de souffler dessus pour faire gonfler une bulle, c’est incroyable ! Mais essayer de la couper en plusieurs parties ou la faire rétrécir, je vous avouerai que jusqu’à l’apparition de Soul Bubble, c’était un rêve qui pour moi, ne semblait être que pure folie…

 
En tant que fan inconsidéré de bulles, je peux dire que Soul Bubble est de loin le jeu qui a le plus comblé ce manque affectif bullesque video-ludique (ma phrase n’a aucun sens et c’est tant mieux). Je n’oublie pas son illustre prédécesseur (ou ancêtre c’est comme vous voulez) Bubble Ghost, sorti à l’époque sur Amiga et Atari ST, les micros 16 bits de l’époque. Vous y incarniez un petit fantôme emprisonné dans un manoir ; Votre âme était alors enfermée dans une bulle que vous deviez entraîner à la fin de chaque niveau sans toucher le moindre obstacle. Un gameplay exemplaire pour l’époque pour des graphismes ténébreux mais très criards et une bande-son soignée… C’est indéniable, Bubble Ghost a posé les bases d’un genre de jeu nouveau – toujours pour l’époque – grâce à son originalité débordante et la fraîcheur que le soft dégageait. Mais curieusement, malgré son large succès, il aura fallu attendre près de 20 ans pour voir renaître de ses cendres ce « genre nouveau » par le biais de Soul Bubble … Pour le plus grand plaisir d’amateurs de bulles et les autres aussi.

  A gauche, Soul Bubble. A droite, Bubble ghost sur C64.



Ce que j’ai toujours aimé avec les jeux de bulles, c’est que ce sont les français qui les réalisent le mieux. Et oui, la ‘French-Touch’ était déjà présente à l’époque grâce à Christophe Andréani du temps de Bubble Ghost, très célèbre pour ses créations telles que Karaté, Turbo GT et inévitablement Bubble Ghost. Aujourd’hui, si on ne peut plus dire qu’un seul et unique développeur tire son épingle du jeu, rien n’est moins sûr du côté des équipes de développement. Quand la passion et l’envie de l’inédit sont présentes, on a alors toutes les cartes en main pour faire de notre futur jeu un incontournable, un must have comme on dit. Et il est bien difficile de croire que nos petits créateurs français du studio Makensleep ne l’avaient pas en eux cette envie de « renouveau ». Les premières ébauches de ce qui fera « notre petit bijoux aux bulles » se font fin 2004. Les esquisses présentées sont alors loin du résultat que nous présentes aujourd’hui les auteurs, mais l’idée globale et la patte graphique sont dors et déjà posées. Dès fin 2004 – début 2005 dis-je ? Rendez-vous bien compte que le jeu a nécessité près de 3 ans de développement, sans compter les ébauches et les premières idées. Soul Bubbles ne joue pas dans la même catégorie que les autres productions actuelles. Soul Bubbles est probablement un jeu qui, sans avoir la prétention de révolutionner le monde du jeu vidéo, pose de nouvelles bases dans la myriade de productions actuelles faites de suites sans penser une seule seconde à changer un tant soit peu le gameplay. Soul Bubble, c’est le renouveau d’un genre perdu, la fraîcheur d’un gameplay aujourd’hui oublié. 


Notre ami n'est-il pas magnifique ?


Ah, c’est tout moi ça, quand je parle d’un jeu qui me transporte j’en oublie tout, peut-être même de vous présenter un petit peu plus en détail ce que nous avons en face de nous. Soul Bubble, c’est un sentiment de bien être intérieur et ce, dès l’entrée en scène (un peu comme un Tic-Tac). Si Makensleep innove grâce à son titre, ce n’est pas seulement dans le jeu qu’il faut voir ce changement, mais dès les premières secondes de jeu. Le traditionnel écran d’avertissement nous apparaît alors bourré d’humour, nous avertissant que nous ne trouverons pas dans ce jeu des voitures de courses ou des orcs venus d’ailleurs. Un point pour Makensleep donc, qui dès cet écran caricature les productions actuelles. Seulement, si la moquerie est facile, on peut dire que l’art est lui bien difficile. Parodier les autres si l’on ne fait pas mieux, se serait alors une grande ironie vous ne trouvez pas ? Fort heureusement, Makensleep pouvait se permettre une telle phrase tellement son soft cache en lui un potentiel énorme...


Si dans Bubble Ghost vous incarniez un fantôme, Soul Bubbles, lui, se la joue plus osé. Vous jouez le rôle d’un petit être venu d’on ne sait trop où, à la grosse caboche, ornée d’une mèche rebelle. Votre rôle est celui d’un passeur d’esprit, un psychopompeur en sommes. Arf, je vois à vos têtes surprises que vous ne comprenez encore rien à ce que je dis. Comprenez bien qu’un « passeur d’esprit » est un métier très dur. Pas encore reconnu en France, mais en voie d’apparition (mais que fait Sarkozy pour relancer l’économie, je vous le demande moi…). Votre rôle est de guider sept petits esprits de créatures mortes, du monde dans lequel vous vous trouvez jusqu’au cube portail, sorte de passage inter dimensionnel où les esprits trouvent leur repos. Seulement, pensez bien que « passeur d’esprit » ce n’est pas qu’un simple job d’été. Loin de là. Il y a une vraie formation à passer avant de pouvoir bosser dans ce milieu. Imaginez-vous sans expérience avec tous les pièges que compte votre parcourt. Laissez-moi vous dire que vous ne tiendrez pas longtemps. Fort heureusement, un jeune papy (jeune et papy non mais comment je trouve ces idées-là moi…) vient de prendre sa retraite et comme il ne sait pas quoi faire de ses journées à part cueillir ses salades, il a décidé très généreusement de vous apprendre toutes les ficelles du métier. Et croyez-moi ces ficelles vous seront très utiles.

Vous l’aurez probablement compris, Soul Bubble ne va pas chercher dans la mise en scène digne d’un Star Wars, le didacticiel en début de jeu est d’ailleurs l’un des rares passages scénaristiques du jeu. Mais ne nous plaignons pas, à l’heure des Metal Gear Solid aux milles & unes heures de cinématique, Makensleep vise avant tout l'essentiel : un gameplay en béton armé et non pas une trame scénaristique à tout casser… et on ne va pas s’en plaindre ! 


Regardez-moi ce souffle


Pour ce qui est du jeu en lui-même, celui qui n’a toujours pas compris que vous dirigiez une bulle avec laquelle vous devez parcourir un niveau sans qu’elle n’éclate peut déjà sortir ^^(non, non, restez !). Pour ce faire, trois pouvoirs, représentés par des masques, sont à votre disposition. Le premier, celui de l’oiseau vous permet de dessiner les bulles sur l’écran. Celles-ci peuvent être de tailles très différentes, d’énorme jusqu’à minuscule et servent notamment à déplacer les esprits en les entourant. Vous ne pourrez cependant posséder que huit bulles simultanément. Le second, celui du tigre, vous permet de couper vos créations ; Pour traverser certains passages étroits par exemple. Enfin, le dernier, mais pas pour autant moins important, est le masque de l’éléphant qui grâce à sa trompe, pompe le surplus d’air dans votre bulle, au cas où vous en auriez dessinée une trop conséquente. Chaque masque possède sa propre touche, haut, droite, gauche pour les droitiers et A, X et Y pour les gauchers. Pas de configuration à aller changer dans les options pour les peu nombreux gauchers (comme moi ^^), c’est très appréciable.

Si peu de touches pour un jeu si grand ? Non, je ne me moque pas de vous, la simplicité est la chose la plus importante du jeu, alors pourquoi chercher à ajouter d’autres fonctions à une panoplie d’actions déjà bien garnies ?


Entourez les esprits avec votre bulle.


Il reste cependant un dernier bouton qui vous sera indispensable au cours de vos péripéties. Je vous entends déjà me demander : ‘’ Mais à quoi peut bien servir le bouton bas (ou B)’’. Il sert tout simplement à faire coulisser la carte (de l’écran supérieur de la DS) sur votre écran tactile pour vous rendre plus rapidement sur des endroits déjà explorés. Car oui, notre petite créature se rend directement à l’endroit que vous lui indiquez sur l’écran tactile d’une simple téléportation. N’est-ce pas merveilleux ? Mais ce qui est encore plus incroyable c’est que votre stylet ne vous sert pas seulement à déplacer votre personnage ou dessiner des bulles ; Sa fonction principale reste de faire souffler votre personnage. Car bien que la DS possède une fonction micro, elle ne sera pas essentielle dans le jeu, pour ne pas dire carrément absente… Et figurez-vous qu’elle ne nous manque pas du tout cette fonction, au contraire ; Le jeu aurait peut-être perdu tout son charme (et vous seriez peut-être mort d’essoufflement…). Le stylet régule alors le souffle de votre nouvel ami. Plus vous éloignez le stylet de celui-ci, plus votre souffle sera puissant et entraînera votre bulle. A savoir également que la force de votre souffle reste la même selon la taille de la bulle. Une bulle de petite taille se déplacera à la même allure qu’une bulle énorme.

 
Avec toutes ces louanges sur le gameplay, vous seriez en droit de vous demander si je ne fais pas que masquer les défauts apparents du jeu. Je vous répondrai tout simplement que non ! Pour s’en convaincre, ne prenez pas la peine d’aller chercher bien loin. L’esthétique du jeu est très clairement en osmose avec la portable de Nintendo. Les graphismes sont magnifiques, la 2D est maîtrisée, l’univers général est criant de vie. On s’amuse à dénombrer tous les détails que compte le jeu. Le souffle de votre personnage agissant sur les nombreux éléments du décor. Tous ces objets, ces bulles, ces ennemis qui se déforment à la seule force de votre souffle ne vous rend pas seulement spectateur de vos actions, vous les vivez, à la manière de votre avatar. Aucun détail n’est oublié, les interactions avec les décors sont très nombreuses, votre bulle s’adapte parfaitement aux obstacles qu’elle rencontre. Jamais encore je n’avais vu de bulles si réalistes dans leurs comportements et leur déformation. Le level design lui est tout simplement sublime. L’univers est très coloré et si naturel qu’on pourrait presque devenir un fervent écolo pour reproduire cette nature dans la vie réelle ^^. Vous parcourrez ainsi un total de huit univers tous plus distincts les uns que les autres. Aux mécanismes toujours très convaincants et une manière de les terminer très divergente. De la jungle au monde des incas, de la banquise aux ténèbres, le jeu reprend les thèmes de différentes civilisations perdues. Autant vous dire que la monotonie n’est pas à craindre dans ce jeu.
Mais comment aurais-je pu douter une seule seconde du résultat lorsque l’on sait que même le très célèbre Frédérick Raynal (père entre autre de Alone in the Dark) a participé au projet ! Des niveaux bonus au level-design d’Okami sont même à débloquer !

Les mécanismes du jeu sont assez nombreux pour être abordées. Je vous rassure, le titre de Makensleep ne fera pas appelle à votre sens profond de la réflexion ; Seulement de nombreuses énigmes entraveront votre chemin. Emprisonner des gaz lourd et des gaz légers pour ensuite les faire fusionner et créer une bulle explosive qui vous permettra de libérer certains passages. Entourer avec son stylet divers fruits pour donner à celle-ci des pouvoirs très spéciaux. Il faut toutefois reconnaître que si certains passages sont assez ardus, d’autres en revanche sont très faciles. D’ailleurs, Soul Bubbles n’est pas un jeu que je conseillerai aux hardcore gamers, vous ne trouverez pas en lui un challenge insurmontable. Le jeu s'adresse à ceux ayant soif de nouveauté.

 
Coupez les lianes avec votre masque.


Au niveau de l’ambiance sonore, ce sont les mots qui viennent à me manquer. Les mélodies font d’avantages penser à des musiques d’ambiance qu’autre chose. Mais contrairement à ce qu’il serait facile de penser, ces bruitages sont en osmose complète avec le jeu. L’ambiance des différents niveaux est alors accentuée par ces airs ‘’ non prise de tête ‘’. Le son du souffle de notre petit magicien est une merveille. Il vous donne cette impression de vie très déroutante.

Seulement voilà, si comme je l’ai dit l’aventure est assez fouillée et dynamique pour vous scotcher devant votre petit écran, votre dépendance s’arrêtera bien vite, lorsque les derniers niveaux du jeu s’approcheront. Je n’ose même pas vous parler du jeu une fois terminé et exploré de fond en comble. Le jeu est court, très court, trop court même. La difficulté étant unique, vous ne prendrez plus votre « pied » comme avant, une fois l’aventure terminée. Et ce n’est pas les quelques bonus que vous pourrez débloquer une fois votre périple accompli qui vous retiendrons bien longtemps. Soul Bubble est une aventure si forte, que la frustration s’installe très vite. Le plaisir, aussi intense soit-il, a toujours une fin, celle de Soul Bubble intervient bien trop tôt. Au grand regret de tous…


Les points forts…


+ Quand la poésie et l’originalité s’emparent de votre console…
+ Les graphismes 2D étonnants
+ Une atmosphère vivante et éblouissante
+ Une bande-son calme, posée, en accord avec le soft
+ Les mécanismes du jeu très bien pensés
+ Un gameplay sans failles

Et les points faibles...

- La frustration une fois le jeu fini


Depuis Loco Roco sur PSP, je n’avais encore jamais vu de jeu « Next-Gen » aussi frai et inventif que Soul Bubbles. Les développeurs de Makensleep ont réussis avec brio l’alliance d’un gameplay sans faille, de graphismes 2D enchanteurs et d’une bande-son relaxante. Mes amis, nous voici face au jeu le plus incroyable de la DS. Le plaisir de jeu est intense. Prendre son pied virtuellement est avec Soul Bubble une expression que vous pourrez maintenant utiliser. Tous les râleurs (comme moi) qui pensent que le jeu vidéo aujourd’hui n’a pas plus d’originalité qu’un steak-frite, seront avec Soul Bubble aux anges. Le seul regret à avoir est la frustration qui s’impose à nous une fois le jeu terminé. Le jeu est si bon, qu’il nous est difficile d’accepter une fin si courte. La difficulté du soft est un élément à ajouter au tableau des points gris du jeu (gris n’est pas noir comprenez la différence). Oubliez les GTA, MGS et tout autre soft violent, place à la poésie. Le titre de Makensleep est – je l’espère – le coup de boost qui fera penser aux développeurs que l’originalité existe et qu’elle n’est pas morte avec nos consoles rétros. Louons donc Makensleep, et je ne vous conseillerai qu’une chose, rendez-vous illico presto dans votre magasin le plus proche pour acheter ce bijou, ce joyaux, cette merveille de la portable de Nintendo. La tempète est passée, c'est une bise légère qui souffle sur la DS...

SUPPOS : 5,5/6

Publié dans TESTS

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Commenter cet article

M
Je découvre ce jeu quelques mois après sa sortie...mais c'est une tuerie! Vraiment exceptionnel qui est masqué par les blockbuster, parfois mauvais, sortant sur les consoles de salons!<br /> Un jeu à faire...
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J
Ca a l'air vraiment sympa comme jeu, et bravo pour le parrallele avec Bubble Ghost (uj'ai un vague souvenir d'y avoir joué sur Amstrad je crois)
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