The Legend of Zelda: Breath of the Wild
Support : Nintendo Wii U
Editeur : Nintendo
Sortie : 3 mars 2017
Test après 20h de jeu
La naissance de la légende du jeu vidéo
« Ouvre les yeux »
A lui seul cet appel plonge les plus nostalgiques dans le monde d’Hyrule. A l’image de nombreux épisodes nous nous réveillons d’un long sommeil cette fois…mais cela suffit pour le « spoil » de l’histoire.
À peine réveillé, nous sommes immédiatement dans le bain, un micro tuto nous permet de prendre en main le jeu de manière minimaliste… pas de musique symphonique, pas d’explosion, pas de bruit… tout est doux, et puis soudain…. le monde s’ouvre devant nous. Un monde comme tout enfant, tout joueur aurait toujours rêvé d’arpenter.
Une simple vision et nous sommes pris par un élan d’émotion… Bon que m’arrive t-il, je replonge dans des souvenirs d’enfance, Zelda Snes , mon Amiga (ne riez pas)… un monde que je peux visiter librement ! Un homme mystérieux à ma droite m’appelle. Je décide de partir de l’autre côté, je descends, je me retrouve en forêt. Je m’avance, me promène. Je n’ai rien, pas d’arme, pas de pouvoir. Les bruits des oiseaux, des papillons, loin, nous sommes loin de toute cette violence importée dans les jeux AAA. J’entends un sanglier, il me voit et s’enfuit. Une ombre me recouvre, j’ai un temps d’analyse, « mais oui ! » un nuage passe au-dessus de ma tête, puis le soleil revient. Je le sentirai presque sur ma peau. Le souffle de la nature est bel est bien là. J’en ai un frisson tant l’immersion est forte. J’hésite à poursuivre de peur de me retrouver dans une cut-scène, rien, aucun mur invisible exceptés les ravins ou les montagnes (que l’on pourra gravir). Je reviens sur mes pas et au loin j’aperçois les ruines d’une sorte d’église, « j’irai plus tard » me dis-je comme si je planifiais ma découverte sans contrainte de temps. Je retourne près de la montagne et je l’escalade jusqu’à un petit plateau.
Ce jeu n’a-t-il aucune limite ? me voici en haut. Je contemple ce monde qui s’étend à perte de vue, un volcan ? Il me fait peur. Je continue d’avancer et j’aperçois d’étranges créatures autour d’un feu. Trois bokoblins. A pas feutrés, recourbé j’approche. Big boss serait jaloux…sauf que je ne suis pas Big boss, ils me repèrent, je n’ai pas d’armes, je dois fuir… Je cours, je m’arrête, ils sont encore là. Diable, ils sont hargneux, l’IA est plutôt bonne. Je suis obligé de redescendre. Quelle aventure, voilà c’est ça Zelda BOTW, un aventure dont vous êtes le héros.
En 15 minutes, j’ai ressenti plus de sensations que jamais auparavant, même Skyrim que j’ai adoré, n’offre pas cette immersion. Le secret, sans doute cette liberté et ce rythme non imposé.
La beauté des pixels... sans les FPS
Face à la plaine, le vent passe doucement sur mon visage, l’herbe et les fleurs bougent en harmonie autour de moi le long de ce coteau en pente. Comme si le temps s’était arrêté, le luxe dans notre monde ou la vitesse est le maître mot comme pour foncer plus vite dans le mur.
J’avance vers ces ruines, une mélodie discrète se met en place…le mystère règne. Comme si j’avançais lentement encore endormi dans un souvenir qui peu à peu resurgit. Je me suis maintenant équipé de plusieurs armes et je peux facilement battre les quelques ennemis que je croise. Mais sans cesse revient ce besoin de regarder, avec ses yeux et non avec un compteur de fps. Alors oui il y a des chutes de framerate, mais cela n’empêche pas le jeu d’être beau, ni d’être jouable. Chacun selon ses goûts appréciera ou pas évidemment. Mais la qualité de l’expérience immersive, ce sentiment que chaque rocher, chaque arbre est placé au bon endroit de manière naturelle, procure une joie qui éclipse instantanément la différence technique avec des consoles surpuissantes.
Les forêts sont riches de vies, de dénivelés, de zones humides. Les autres environnements (sans les dévoiler) sont également harmonieux et le même voile de mystère plane sur ceux que j’ai eu la chance de découvrir pour le moment. Rien n’est forcé, tout est harmonisé et nous prenons le temps de le voir comme si on voulait profiter de ce moment offert. Oui, ce Zelda est beau, certes d’autres jeux sont plus détaillés offrent des graphismes bien plus riches (Witcher, Horizon…), oui le jeu parfois peut avoir des petites baisses de fps, oui il y a de l’aliasing… mais comment dire… Nintendo montre que ce n’est pas là l’essentiel (même si je le répète le jeu est superbe quand même) car nous n’avons qu’une seule envie, rejouer dès que possible. C’est donc bien un vrai jeu vidéo. Une leçon donnée de la part de la firme japonaise.
Il faut imaginer le bruit du vent et des oiseaux
Une forêt qui impose le respect
Un champi, une grenouille, un Thermomix... Link dans TOP Chef
A croire que la cuisine est à la mode, déjà dans FF15 les plats préparés étaient un élément important du jeu, nous retrouvons ici cette idée, mise en place en toute simplicité : on met du feu sous la « casserole » on choisit les ingrédients récoltés… hop c’est prêt. Ce sont mes enfants qui ont trouvé comment faire la cuisine, instinctivement. Une multitude de recettes sont possibles pour améliorer ses statistiques, idée géniale et dans l’air du temps. Maintenant reste à espérer que Etchebest ne viendra pas jouer les gros bras pour me crier dessus. Bien repu je pars pour une nouvelle exploration, j’ai repéré un camp plus loin, en forme de tête de mort. J’y vais sur la pointe des pieds.
Je ne parlerai pas des sanctuaires somptueux ni des donjons titanesques
Le privilège du choix et l'effet "Bonaldi"
l n’y a rien de plus amusant que de pouvoir choisir comment battre un ennemi. Ici plusieurs solutions sont souvent proposées, mais l’IA des ennemis peut révéler de nombreuses surprises. Face à un ennemi en forêt, nous pouvons grimper en haut d’un arbre pour lui balancer des flèches, mais celui-ci pourra aussi vous envoyer des projectiles. Génial. Il est même possible d’aller jusqu’à brûler de l’herbe pour que le feu se propage sur des tonneaux explosifs stockés dans un repère de vilains, c’est juste énorme. Loin des scripts tout prêts de certains jeux qui ne marchent qu’une fois pour l’effet de surprise, et encore.
Mais me revoilà face à un petit regroupement de bokoblins en contre bas de ma position. Des rochers prônent au-dessus d’eux, un tronc d’arbre également. Je décide de pousser le tronc d’arbre afin qu’il roule et écrase les ennemis qui ne s’y attendent pas. C’est parti. Je pousse, le tronc roule et commence à dévaler puis s’immobile en touchant un bokoblin qui meurt. Nom de Zeus ! Les deux autres ennemis m’ont repéré, c’est la panique, je décide alors de pousser le gros rocher pour finir le boulot. Ni une ni deux, le voilà qui roule et se bloque dans le tronc d’arbre en bas évitant les ennemis. La physique du jeu est remarquable, l’IA aussi les deux ennemis sont à ma hauteur, pas le temps de réagir, c’est le game over.
Les flammes avancent et ravagent le camp ennemi
Allumez le feu, Dark Souls en Hyrule
Oui ce Zelda BOTW casse les codes de la série et oui le jeu est plus difficile que d’habitude pour plusieurs raisons. La première est la plus évidente, les combat sont plus dynamiques, l’IA assez subtile et la maniabilité millimétrée permet de frapper au bon moment, parer, esquiver, profiter de l’étourderie d’un ennemi. Cette richesse dans les combats est la plus poussée jamais vue dans la saga. Reculez devant un ennemi, il vous jettera un projectile, lancez lui une bombe il pourra vous la renvoyer.
La seconde raison est l’absence de guidage, c’est à vous de préparer vos voyages, choisir l’itinéraire, prévoir vos armes, vos montures, vos plats à emporter, savoir où est quand faire son feu de camps, afin de se poser et de pouvoir dormir. Dur quand on est habitué à suivre des guides, à faire ce que le script nous dit, à avancer dans des couloirs se voulant des open world ? Non ce n’est pas dur, dans ce Zelda c’est du plaisir, le plaisir d’essayer.
J'ai posé une bombe au pied de leur base, je coupe les cordes à l'arc pour faire descendre le pont et quand ils descendront... boum! Jouissif
A vous d'imaginer comment vous rendre vers votre destination
Ce n'est que le tout début d'une épopée
Évidemment comme dans tous les Zelda, il y a énormément de quêtes annexes, des secrets bien cachés, de trés nombreux points n’ont pas été abordés, l’objectif est de vous laisser découvrir les autres points forts du jeu, garder une part de mystère et ne pas tout divulguer. Laisser vous le temps de l’exploration, dites-vous bien que si vous le voulez, vous pouvez quasiment aller où vous le voulez, une ode à l’aventure, l’exploration et l’imprévu. Ce n’est que le début.
Une ambiance s'installe... épique
Mon Satori du jeu vidéo ?
Difficile de s’arrêter, envie de rejouer, d’essayer, d’explorer. Plaisir de la découverte. Immersion dans une histoire mémorable que volontairement j’ai décidé de ne pas évoquer. Zelda Breath of the Wild est une expérience à vivre dans une vie de joueur. Tous les autres jeux du même type sembleront fades ensuite. J’en fais peut-être trop, mais il est difficile de retranscrire ce bouleversement qui se passe une fois que l’on allume la console.
Imaginez le jeu qui vous a le plus ému dans votre vie, repensez au moment où vous l’avez découvert, faites émerger vos souvenirs. Replongez-vous dans cette nostalgie (moi c’était la Super Nintendo avec Super Mario Kart, Zelda et Mario, par la suite il y en eu d’autre). Une fois bien au chaud, baigné par cette douceur du passé, cette mélancolie rassurante, plongez dans Zelda Breath of the Wild, votre expérience sera cent fois celle qui vous a émue, bon voyage.
Merci à Nintendo et à Eiji Aonuma. Une épopée magistrale, ou tout est parfait, Nintendo signe là un Jeu qui marquera à jamais l'histoire.
SUPPOS : 6/6