[TEST] Journey / PS4
Journey
Support : PS4
Développeur : That Game Company
Editeur : Sony
Date de sortie : 2015 (sortie initiale 2012)
C'est la fin de l'été, enfin c'est la rentrée et pour moi c'est du pareil au même. Retour à nos petits tracas du quotidien, et, pour ceux qui ont eu la chance de partir en vacances de trouver du réconfort auprès de nos chères consoles. Pour gérer cet entre-deux inconfortable congés/rentrée, je me suis plongé dans Journey qui m'a offert une parenthèse féerique, envoûtante, emprunte de poésie et même de fraternité. Plus que de décortiquer le soft, c'est mon expérience et mon ressenti que je souhaite partager avec vous aujourd'hui.
VOYAGE VOYAGE
Pour ceux d'entre-vous qui ne connaîtraient pas les "jeux" précédents de That Game Studio, FlOw et Flower, sachez que le studio californien propose plus des concepts que des jeux à proprement parler, d'où les guillemets. Sur le papier cela peut rebuter les gamers que nous sommes, mais cela ne veut pas dire que leurs concepts n'ont rien à offrir, bien au contraire.
En s'affranchissant de toute pollution visuelle et sonore, de stats, d'états, de stratégie, d'affrontement, de violence, de textes à n'en plus finir, en ne conservant qu'un gameplay minimaliste, un univers beau à en pleurer et une BO splendide, TGC réussit le tour de force de nous livrer des émotions ou pour le moins l'essentiel, la substantifique moelle du professeur Kipling.
Alors non, Journey n'est pas "le cercle des poètes disparus, le jeu" mais il en partage la poésie.
Votre périple commence dans un désert de sable. votre avatar, une sorte de bédouin masqué, un rien chaman, médite en tailleur. Une brève indication vous invite à vous lever et à gravir la dune qui se dresse face à vous. En haut du monticule, à l'horizon se dresse une montagne de laquelle émane un rai de lumière. Le titre du jeu se fond paisiblement dans le paysage au dessus du massif tel un carton d'invitation: Votre voyage commence.
Pas de cinématique de 10 minutes, même pas une ligne de texte pour faire insulte à l'intelligence du joueur. Juste un cap à suivre. Quelques pas dans les dunes vous mène à un stèle où un symbole lumineux vous attend. Celui-ci vous confère votre seul et unique pouvoir de l'aventure, une écharpe qui vous permet de planer un bref instant et la capacité d'interagir avec certains éléments à l'aide d'une sorte "d'écho de votre aura" dont nous reparlerons plus bas. Une fois le pouvoir de votre étoffe consumé, un moyen de le recharger est d'interagir avec des morceaux de tissus disséminés ça et là, rarement par hasard bien entendu... Une autre possibilité est de glaner d'autres symboles lumineux en explorant le monde qui vous entoure. Ces symboles permettent surtout d'ajouter un segment à votre étoffe, augmentant de fait votre capacité à atteindre les structures en hauteur, votre vitesse de déplacement, et plus globalement vous procure une sensation de liberté toujours plus grisante.
Les différents lieux que vous traverserez tout au long de votre périple sont jonchés de ruines antiques et d'imposantes structures, témoins silencieux d'une civilisation déchue. Cette absence de sens à la beauté de ce qui nous dépasse. En cela il y a de l'Ico et du Shadow of Colossus dans Journey, ou votre environnement vous laisse souvent contemplatif, et rêveur. On ne tente aucunement de vous faire gober un scénario. C'est votre histoire, votre voyage et le sens que vous souhaitez lui donner.
CHAMAN VERSUS WILD
L'absence quasi totale de stimuli qui assaillent habituellement de toutes parts les joueurs que nous sommes rend la résolution des énigmes totalement instinctive et la progression vers notre but aisée, tant nous sommes en immersion totale dans notre environnement. Cela ne veut pas dire pour autant que vous ne devrez pas faire face à l'adversité, notamment des éléments, dans un final absolument dantesque.
L'aventure se boucle en 2-3 heures mais vous n'aurez qu'une envie, celle de reprendre votre périple, et je ne saurais trop vous conseiller de regarder la liste des succès seulement après votre premier voyage. Vous comprendrez alors que Journey propose une deuxième lecture, puis une troisième, voire plus. Car bien que le périple soit solitaire, vous croiserez régulièrement d'autres joueurs qui pourront interagir avec vous, notamment à l'aide de votre "écho d'aura". Cela a donné un souffle nouveau à mon deuxième voyage, lors de ma tentative de complétion des succès. Un joueur plus expérimenté m'a pris sous son aile et le jeu, intelligent jusqu'au bout, met tout en œuvre pour cela. Ma plus belle expérience de coopération, et ce sans un seul mot échangé. Un vrai beau moment.Peut-être deviendrez-vous même à votre tour le mentor du voyage initiatique de quelqu'un.
Journey, concept unique porté par des graphismes et une BO sublimes n'est pas seulement une expérience riche, dépaysante, belle, immersive et paisible, en contre pied total avec les canons traditionnels de notre média chéri, il parvient à délivrer un message aussi simple que profondément humain.