[RETROGAMING] TOKI / Arcade
TOKI (JuJu Densetsu)
Support : Arcade
Développeur : TAD
1989. L'URSS vit ses dernières heures, les deux Allemagnes s'enlacent. La Roumanie dit Ciao-Cescu (désolé...). Bref le monde mute et ce n'est pas peu dire. Quant à mon monde à moi, il n'a pas encore été bouleversé par la Nes et encore moins par la Gameboy (qui arrive tout juste dans les cartables Astroboy des petits nippons). Bref, rien n'avait encore su détourner mon regard avide des bornes d'arcade. Je souhaite ainsi partager avec les gamopats qui n'ont encore qu'un léger duvet, un jeu cher à mon coeur. Des graphismes de folies, de la plateforme-action et un singe qui porte des baskets... Bienvenue dans le monde de Toki !
En 2050, fatigués de la course effrénée au progrès technologique, beaucoup de personnes décident de retourner à la nature. Le Dr Stark, vivement opposé à ce projet de vie primitive, lui qui a consacré sa vie à la génétique et au progrès, est enfermé dans une caverne coupée du monde... Les années passent. La jeune Wanda, comme beaucoup de ses contemporains, ne parvient pas à s'adapter à la rude vie sauvage. Elle est alors recueillie et soignée par le jeune Toki qui lui est né dans la nature. Wanda tombe éperdument amoureuse de ce Tarzan des temps modernes. Le couple le plus glamour de la néo-jungle coule ainsi des jours heureux et paisibles jusqu'au jour où...
La terre se met à trembler, des nuages noirs viennent occulter le soleil. A l'horizon, un mystérieux palais doré apparait au sommet d'une montagne. A peine Toki retrouve t-il ses esprits que Wanda est enlevée ! Le Dr Stark, grimé en sorcier Vaudou, apparait devant Toki et prononce cette phrase profonde et funeste : "Maintenant, vous allez devoir supporter la souffrance que j'ai si longtemps supporté. Tu vas voir comme cela te va bien". Une réplique culte non ? Le vil docteur jette alors un sort au malheureux Toki qui se voit transformé en singe. Le pauvre bougre part alors sur les traces du Dr Stark bien décidé à sauver Wanda de ses griffes.
Vous voilà donc aux commandes d'un singe à la démarche très "néanderthalienne" ! Vous déplacez Toki à l'aide du stick, un bouton vous permet de sauter et l'autre de tirer. En effet Toki est un singe, ok, mais un singe qui crache des boules de feu ! Vous pouvez tirer en diagonale un peu à la manière d'un Metal Slug, Toki est donc un mélange de run'n gun et de plateforme-aventure plus traditionnel, votre singe pouvant tuer ses ennemis en leurs sautant dessus.
Vous évoluez au travers de niveaux en 2D dans un scrolling horizontal et vertical en éliminant les ennemis qui jonchent votre parcours. Les paysages sont très diversifiés, vous démarrez dans la jungle, nagez dans un lagon infesté de requins et autres créatures aquatiques... Que se soit au coeur d'un volcan, dans la caverne des glaces ou sur le wagonnet du palais doré, les décors sont splendides pour l'époque. Les sprites sont énormes et le gap technologique avec l'existant des consoles de salon est vraiment conséquent.
Le bestiaire est varié et les ennemis sont retors ! Des singes tour à tour en armures, ailés, artilleurs ou bien encore spectres, des oiseaux enflammés, des pieuvres, des araignées, des chauve-souris, des tortues piquantes, des œufs de dragons, des sangliers, des crabes... tout est bon pour vous faire passer l'arme à gauche !
Car Toki comme bon nombre de softs arcade de l'époque est atrocement difficile. Vous devez d'une part marteler le bouton de tir pour éliminer vos ennemis mais aussi sauter en permanence pour éviter les pièges qui s'enchaînent à un rythme infernal, flammes, pieux, projectiles en tout genre, plateformes qui s'affaissent et j'en passe. Impossible d'en voir le bout sans connaître par cœur le tracé des niveaux, d'autant que Toki meurt au moindre contact !
Des powers-up sont toutefois disséminés dans les niveaux afin de vous donner un coup de main. Le casque de foot U.S. vous protège brièvement, les sneakers vous permettent de sauter plus haut... de rares vies supplémentaires peuvent être glanées, cependant la prise de risque nécessaire pour les atteindre les rendent bien souvent inutiles. Ce sont surtout les bonus de tirs tel le triple shot ou le lance-flamme qui vous permettront de progresser plus facilement.
Impossible de parler de Toki sans évoquer ses boss ! La direction artistique de ce jeux est fantastique. Mention spéciale pour les boss Rambacha et Mogulvor, respectivement un bonhomme Michelin cyclope qui crache pléthore d'yeux et un monstre difforme qui rote des rochers sous l'onomatopée BURP! Du grand génie qu'on vous dit !
La singularité de ce jeu se retrouve également dans ses musiques, pas franchement canons mais qui collent bien à l'action. Les bruitages sont bien nazes avec le recul mais l'essentiel est ailleurs... A noter que le jeu est assez court. Cependant vous allez en baver avant d'en voir le bout. Je n'ai jamais battu le boss de fin qui est épouvantable. Sachez que le dernier niveau doit être terminé en moins de 5 continues, sinon c'est retour à la case départ...
Le jeu a été adapté sur bien des supports de l'époque. Je n'ai jamais joué à l'une de ces versions toutefois mes lectures me laissent penser que les différentes adaptations n'ont pas toutes été très convaincantes (sauf peut-être la version Amiga ?i). Mais la fabuleuse jaquette Nes à elle seule me donne envie d'ajouter le soft à ma ludothèque !
En résumé Toki est pour moi un jeu culte qui (avec Final Fight) trône tout en haut de mon hall of fame arcade. J'ai attendu en vain le remake de Golgoth Studio sur Xbox 360 qui devait voir le jour il y a 3 ans déjà et dont les screens m'ont fait rêver. Hélas le jeu a été maintes fois retardé au point que j'ai peur qu'il soit tombé dans les limbes des projets prometteurs avortés.
SUPPOS : 5,5/6